Comédie romantique

Gossip Girl (2007)

La série Gossip Girl (première mouture) est une adaptation d’une série de romans qui a fait fureur lors de sa sortie. Revue critique de ce phénomène, qui a précédé les réseaux sociaux.

Le scénario de Gossip Girl

Aperçu : Serena Van Der Woodsen, dans la gare de Grand Central alors qu’elle est scolarisée dans un pensionnat. Derrière cette phrase, qui reprend plus ou moins l’une des premières répliques de la série, vous avez reconnu Gossip Girl, la blogueuse la plus célèbre de toutes les séries qui ont existé.

La série s’intéresse à la vie d’une bande de lycéens des quartiers ultrachics de Manhattan, tous ciblés par une blogueuse anonyme, qui révèle leurs petits secrets et met la pagaille dans leurs relations déjà bien compliquées.

Alors qu’on n’a qu’une envie, les détester, on finit par s’attacher à chacun d’eux. Blair Waldorf, la snob ultra-élitiste, toujours coiffée d’un serre-tête, mène sa petite cour à la baguette. Serena, la blonde un peu évaporée, mais dont la vie n’est si facile au quotidien et qui gère une mère un peu spéciale. Dan Humphrey est l’outsider du groupe : il vient de Brooklyn et compte ses dollars, tout comme sa petite sœur Jenny. Nous avons aussi Chuck Bass, qui a couché avec tellement de gens, qu’on se demande comment il a fait pour échapper à tout le répertoire des maladies vénériennes et enfin, Nate Archibald, le fils de bonne famille dont toutes les filles sont amoureuses.

Pauvres enfants riches

Peut-on apprécier Gossip Girl quand on n’a plus 15 ans ? Objectivement, oui. Tout d’abord, c’est une bonne piqûre de rappel sur le fait que l’argent n’achète malheureusement pas tout. Bien sûr, c’est beaucoup plus simple quand on est riche. Mais, cela ne vous protège pas des peines de cœur ni du rejet des autres.

On devrait détester cette bande d’enfants pourris gâtés qui peuvent sauter dans un jet pour se faire un week-end où ils veulent. Mais, on n’y arrive pas. Parce qu’on voit aussi qu’ils sont tous malheureux à leur manière. Tolstoï aurait adoré.

Il y a une autre raison pour laquelle on ne les déteste pas. Ils sont sous pression en permanence. Comme ils sont privilégiés, on attend beaucoup d’eux. L’avantage quand on n’est rien, c’est que personne n’attend rien de vous.

Mais, lorsque vous avez eu accès à une excellente éducation, à tous les privilèges de votre classe, vous n’avez pas le droit d’échouer dans quoi que ce soit. Vous devez réussir vos études, vous devez aller dans la meilleure fac, vous devez décrocher le bon job, vous devez faire un beau mariage princier — l’une d’entre elles va d’ailleurs presque y arriver. La manière dont la narration est tournée fait qu’on a de l’empathie pour des personnes qui n’en auraient pas pour nous.

Harcèlement numérique

N’oubliez jamais que Gossip Girl a vu le jour — on parle des romans — au début de l’ère des blogs. La jeune génération des années 2025 doit crever de rire devant ce qui est du harcèlement numérique dans la série, par rapport à ce qu’ils subissent aujourd’hui. Objectivement, ils ont raison : ce que les gosses d’aujourd’hui affrontent en ligne est largement pire.

Pourtant, Gossip Girl donnait les prémices d’Instagram, de TikTok et tous ces réseaux sociaux à la con. Si on avait su, quand Gossip Girl a été diffusé, qu’aujourd’hui, n’importe lequel d’entre nous était susceptible de se retrouver sur le fil Instagram d’une influenceuse en plastique non biodégradable, on aurait certainement été moins tolérants avec toutes ces conneries.

De tous les personnages, Serena est celle qui la plus ciblée par Gossip Girl, pour des raisons que vous comprendrez à la fin de la série. Elle garde la tête haute, mais ce n’est pas forcément évident pour elle et on le comprend encore mieux, aujourd’hui.

Gossip Girl, aussi une comédie romantique

On peut s’interroger sur la classification en comédie romantique pour Gossip Girl. On s’en explique : Serena a quitté Manhattan parce qu’elle a couché avec le petit ami de sa meilleure Blair : Nate. De cette incartade découle tout le reste de l’histoire.

Plus qu’une série sur les mœurs de Manhattan, même si les clins d’œil à Edith Wharton sont très nombreux, c’est une série romantique.

Et si elle est classée en comédie, c’est tout simplement parce qu’il y a des scènes assez drôles, notamment à base yaourts ou de milk-shake, des facéties de Chuck Bass, des tours de cochon de Jenny, etc. Même si certains sujets sont abordés avec gravité, singulièrement la dépendance, cela reste une série assez légère.

Le verdict

Gossip Girl est une très bonne série quand on a envie de se vider la tête, de voir de jolis vêtements et de suivre une intrigue pas trop compliquée. Le grand drame de beaucoup de séries actuellement est que l’intrigue est tellement enchevêtrée qu’on n’arrive plus tout à suivre qui fait quoi, avec qui et comment.

L’interprétation des acteurs est assez juste, ni trop, ni pas assez et comme dit précédemment, on finit par éprouver une certaine tendresse envers eux, alors même qu’ils sont très chanceux. Quelque part, quand on les voit se casser la figure, cela nous rassure aussi. On se dit que si eux, avec tous les avantages qu’ils ont, ils se plantent donc, nous aussi, on a le droit de se planter. Même si on est en train de regarder une fiction.

Encore que la réalité dépasse la fiction. On connaît tous des rejetons dont les parents sont ultra-bien placés dans la société et qui sont quand même des ratés. Ils ne réussissent pas, ou alors, grâce aux pistons de leurs parents. Je laisse aux lecteurs le soin de trouver par eux-mêmes des exemples.

Vous pouvez trouver l’intégrale de Gossip Girl en DVD, à un prix très raisonnable, dans la mesure où la série s’est achevée en 2012. Elle est aussi disponible en streaming sur Netflix. Mais, vous pouvez passer votre tour pour la mouture de 2021.