Horreur

L’enfant du cauchemar

Le cinquième opus de la franchise des Freddy Krueger, l’enfant du cauchemar, est le plus esthétique des épisodes. Attention : cette chronique révèle des éléments-clefs de l’intrigue.

Le scénario de l’enfant du cauchemar

Dan et Alice, les seuls survivants de l’épisode précédent, fêtent leur diplôme de fin d’études secondaires, avec leurs nouveaux amis. Pourtant, Alice n’est pas tranquille, elle recommence à rêver. Mais, cette fois-ci, elle rêve en étant éveillée.

Paniquée, elle téléphone à Dan, pour lui demander de la rejoindre. Celui-ci se tue dans un violent accident de voiture. Prise de malaise, Alice est conduite à l’hôpital et apprend qu’elle est enceinte de Dan.

Elle doit affronter sa grossesse, mais aussi le retour de Freddy Krueger, qui a trouvé une porte dérobée pour revenir d’entre les damnés.

Métaphore de la grossesse

Dans l’imaginaire collectif, devenir mère est le plus bel état qu’une femme puisse connaître. Ce mensonge fermement ancré permet d’occulter tout le reste. Dans le film, on ne parle pas de la situation financière d’Alice, qui va se retrouver mère célibataire, alors qu’elle est à peine sortie de l’adolescence, mais du reste.

On connaît mieux aujourd’hui les dépressions post-partum. Il existe un état plus sévère : la psychose puerpérale, qui se manifeste après l’accouchement et peut se traduire par des phases de délire et d’hallucination. C’est plus rare que la dépression post-partum.

Il est probable que les scénaristes n’aient pas pensé à cette thématique lors de l’écriture. De leur propre aveu, ils se demandaient surtout par quel moyen faire revenir Freddy de l’enfer. Dès lors, il n’est pas étonnant qu’ils aient un peu anticipé l’état de psychose puerpérale.

Il n’en reste pas moins vrai que les changements physiques et mentaux que subissent les femmes durant la grossesse sont toujours occultés, pour être enrobés dans le merveilleux mensonge de la maternité, conçu forcément comme un état de grâce et de sérénité.

Discours anti-avortement ?

Alice découvre qu’elle est enceinte et que son bébé sert de véhicule à Freddy pour continuer le massacre. Un ami d’Alice lui pose frontalement la question : pourquoi ne pas avorter et fermer la porte à Freddy ?

Alice s’y oppose fermement. La mère de Freddy a été violée par des patients de l’hôpital psychiatrique et en tant que religieuse, l’avortement était exclu — d’autant qu’il n’est pas dit qu’à l’époque, il ait été légal. Mais, les paramètres sont différents pour Alice et elle décide de garder Jacob.

Ce film peut-il être considéré comme pro-vie ? Oui et la faute en revient à Sara Risher, l’une des productrices exécutives du film, qui a insisté auprès des scénaristes. Elle venait d’être mère et tenait à avoir — disons-le ouvertement — un discours moralisateur auprès du public adolescent, qui allait venir regarder le film. Il n’y a pas eu de débat à l’époque, car, le film a été fait avec un calendrier extrêmement contraint : huit semaines.

Ce qui est stupide, c’est que ce discours aurait pu être facilement évité par une astuce toute simple : faire en sorte qu’Alice ne découvre sa grossesse qu’après le délai légal d’avortement. Cette vision conservatrice explique peut-être pourquoi ce cinquième volet a moins bien fonctionné commercialement alors qu’il est beaucoup plus riche.

Le verdict

Visuellement, le cinquième opus est le mieux réussi et le plus fourni. On a une affection particulière pour le labyrinthe renversé dans lequel naviguent Alice et Jacob et la bataille finale entre Alice et Freddy est très intéressante.

Bien entendu, la scène désormais mythique du gavage forcé de Greta a marqué les esprits et peut être interprétée comme une rébellion à l’extrême contre des parents tyranniques. Les concepteurs eux-mêmes ont rangé ce film comme celui qui empruntait le plus à l’univers gothique, notamment à cause des décors et des scènes de cauchemars.

La fin est un peu tirée par les cheveux, mais, on ne demande pas nécessairement à un film d’horreur d’être réaliste, surtout quand celui-ci s’inscrit dans une lignée clairement fantaisiste et onirique.

Il faut regarder ce film en faisant abstraction du discours pro-vie, pour s’imprégner plus du cauchemar et des scènes d’horreur, qui reste globalement bon enfant, particulièrement pour un public de 2025. L’enfant du cauchemar est disponible en DVD.