Horreur

The Craft Legacy

Sorti en 2020, The Craft Legacy se veut être à la fois une suite et un remake de The Craft, sorti en 1996. Attention : cette chronique révèle des passages clefs de l’intrigue.

Le synopsis de The Craft Legacy

Lili arrive avec sa mère, dans une nouvelle ville, pour vivre chez le compagnon de cette dernière. Adam de son prénom, est un père célibataire de trois fils, qui gagne très bien sa vie en célébrant la virilité retrouvée. Lili doit aussi intégrer un nouveau lycée. Lors de son premier jour, en raison d’un accident, elle subit les moqueries de ces camarades.

À l’exception de trois jeunes filles : Frankie, Tabby et Lourdes, elles-mêmes peu populaires. Elles s’adonnent à la sorcellerie sur leur temps libre et finissent par découvrir que Lili est la quatrième tant attendue pour intégrer leur cercle de magie.

Reprenant confiance en elles et en leurs pouvoirs, elles vont s’amuser assez gentiment. Mais, une âme noire les surveille.

Un remake politiquement engagé

The Craft n’avait pas trois sous de politique ni de militantisme. Dans The Craft Legacy, on entre dans le film plus politisé. Lorsque les jeunes filles découvrent qu’elles ont des pouvoirs, elles s’en servent pour changer la personnalité d’un garçon. On l’avait vu dans The Craft. Mais, au lieu de le faire tomber amoureux, elles s’en servent pour le rendre plus sensible, plus aimable, plus conscient de ses privilèges en tant qu’homme blanc et cisgenre.

Pour certaines personnes, cela peut être rebutant, mais, la nouvelle génération, celle qui a entre 15 ans et 25 ans au moment où ces lignes sont écrites, est plus consciente de certaines choses que ne l’était la génération précédente. Non pas que la mienne n’était pas militante. Mais, on considérait à tort que l’égalité entre les hommes et les femmes était acquise.

Il y a un autre point que j’estime positif dans le film. Lourdes est transgenre. Elle est incarnée par Zoey Luna, actrice transgenre. La production aurait pu faire le choix de confier le rôle à une personne qui n’était pas transgenre – dans le scénario, Lourdes est transgenre – par exemple, à une femme cisgenre ou même à un homme. Ils ont préféré miser sur une actrice, elle-même concernée. Cela donne une interprétation qui est très juste. Sa transidentité est abordée dans le film, mais, de façon assez subtile, sans trop en faire.

Un scénario en demi-teinte

Une fois qu’on a dit cela, que vaut le film en lui-même ? Nos quatre sorcières sont armées de bonnes intentions, ce qui n’était pas exactement le cas pour le premier The Craft. Néanmoins, il y a quelques faiblesses scénaristiques. On nous rejoue le combat des femmes, qui sont gentilles, contre les hommes, qui sont mauvais. Pour certaines personnes, cela pourra paraître un peu lourd. On aime voir David Duchovny dans le rôle d’un méchant et il est bon. Mais, son personnage manque un peu d’épaisseur.

Ainsi, Adam tue Timmy, mais on ne sait pas vraiment pourquoi. Il dit qu’il l’a tué parce qu’il était dans le pouvoir de Lili. Mais encore ? Que veut-il dire par là ? Ce n’est pas explicité et c’est dommage, car cet axe aurait mérité un meilleur développement, tout comme l’emprise du père sur ses fils. On sent qu’ils sont malheureux, sans comprendre pourquoi.

Enfin, on reste un peu sur sa faim, parce qu’il y a trop de questions sans réponse. Et elles risquent de le rester.

The Craft 3 ?

Techniquement, The Craft Legacy est le deuxième The Craft. Il s’inscrit dans la chronologie du premier. Vu le nombre de zones d’ombre, est-ce qu’un troisième volet est en préparation ?

Il est probable que ç’ait été le plan de départ. Mais, il y a eu un imprévu dans ce film : le COVID. Le casting était complet en octobre 2019 et il devait sortir au cinéma en octobre 2020. En raison de l’épidémie, il est sorti directement en vidéo à la demande aux États-Unis. En France, il n’est resté qu’une semaine à l’affiche. Il n’y a quasiment pas eu de battage médiatique et le film n’a rien rapporté.

Or, pour faire une suite, il faut que le premier volet fonctionne bien. Financièrement, c’est un four et les critiques n’ont pas été très élogieuses non plus, alors que tous les ingrédients étaient réunis pour faire un bon film, si ce n’est un scénario un peu faible. Dès lors, sauf retournement de situation, il est peu probable qu’un troisième volet de The Craft arrive sur nos écrans.

Le verdict

Personnellement, j’ai bien aimé The Craft Legacy en dépit des facilités de l’histoire. C’est bon film pour se détendre et se reposer les neurones. Niveau horreur, on est très léger. Il n’y a pas du tout de scènes gores, rien de vraiment violent. C’est typiquement le genre de films à conseiller à celles et ceux qui voudraient regarder un film d’horreur, mais sans trop d’horreur dedans justement.

Les fans du premier volet n’y trouveront peut-être pas tout à fait leur compte, mais, cela vaut le coup de lui donner sa chance, ne serait-ce que pour se vider la tête durant 90 minutes.

The Craft Legacy est disponible en DVD. Au moment où ces lignes sont écrites, le film est aussi disponible sur Amazon Prime. Si vous avez un abonnement, laissez-vous tenter.