Conjuring 3 : sous l’emprise du Diable
Ce volet de la franchise des Conjuring nous permet de retrouver les époux Warren, venus porter main forte à Arne Johnson, victime d’une possession démoniaque. Attention : cette chronique révèle des éléments-clefs de l’intrigue.
Sommaire
Le scénario de Conjuring 3
Ed et Lorraine Warren procèdent à un exorcisme du petit David Glatzel. Durant cette séance, le démon se « transfère » chez Arne Johnson, le petit ami de Debbie, la sœur de David.
Progressivement, Arne va être possédé par le démon, au point de tuer Alan Bono, le propriétaire du chenil dans lequel travaille Debbie. Arne et Debbie font appel aux époux Warren pour les aider dans leur défense : prouver que le Diable a poussé Arne à tuer Alan.
Mais, en remontant la piste du démon, les époux Warren vont être confrontés à une entité encore plus malfaisante : la sorcière qui a appelé ce démon.
Le cas Arne Johnson : la véritable histoire
Aussi séduisante soit-elle, l’affaire Arne Johnson n’est pas aussi fantastique que cela. Tout d’abord, il est fort probable que David Glatzel n’ait jamais été possédé. Ses parents, en particulier sa mère, avaient pris l’habitude de mettre des somnifères dans la nourriture de la famille.
Or, sur une longue période, les somnifères peuvent provoquer des effets secondaires, notamment des crises psychotiques, des insomnies, des troubles du comportement, bref, toutes sortes de choses que l’on associe par facilité à une possession démoniaque.
Quant à Arne Johnson, ce n’est pas une entité démoniaque qui l’a poussé à tuer Alan Bono, mais, plutôt un mélange de jalousie et d’alcool. Arne avait eu vent d’une rumeur, prêtant une liaison passée entre Alan et Debbie. Par ailleurs, le soir où il l’a tué, ils avaient tous les deux bu plus que de raison et ont commencé à se battre. Aucune sorcellerie là-dedans, un banal fait-divers qui a fait sensation pour deux raisons.
Le battage médiatique autour d’Arne Johnson
Pourquoi le cas d’Arne Johnson a-t-il défrayé la chronique ? Tout d’abord, la petite ville dans laquelle les faits se sont déroulés est l’archétype de la bourgade paisible de la Nouvelle-Angleterre. Selon les archives judiciaires, il s’agissait du premier meurtre à Brookline en 193 ans d’histoire.
À cela, il faut ajouter la brutalité de l’acte : Arne Johnson a asséné au moins vingt coups de canif, ce qui laisse supposer un certain acharnement, qui dépasse largement la simple légitime défense.
Enfin, c’est l’axe de défense utilisé qui a fait couler beaucoup d’encre : la possession démoniaque. Dans le film, on voit les époux Warren arguer que les tribunaux croient bien en Dieu, dans la mesure où les personnes jurent sur la Bible. Pourquoi ne pas croire au Diable ? Cet axe de défense utilisé par l’avocat Martin Minnella a été refusé par le juge Robert Callahan. Minnella a alors plaidé la légitime défense.
Arne Johnson a été reconnu coupable d’homicide involontaire. Il aurait dû purger une peine de prison de 10 à 20 ans. Il n’en fera finalement que cinq, en raison de sa bonne conduite et d’un bilan psychiatrique faisant état d’une bonne santé mentale. Il s’est marié en prison avec Debbie, a passé l’équivalent de son bac, a fait une formation de paysagiste. Sorti de prison, il a trouvé un emploi de paysagiste, a fait deux enfants à Debbie et n’a plus jamais fait parler de lui négativement.
Le vrai du faux de Conjuring 3
Si les parties concernant l’exorcisme de David Glatzel et la possession démoniaque d’Arne Johnson sont bien issues des notes des époux Warren, le reste est une invention des scénaristes. Pour les Warren, David puis Arne étaient victimes d’une possession démoniaque, mais ils ne disent jamais quelle est l’origine de cette possession et il n’y a nulle trace de sorcière ou de sortilège.
L’autre aspect qui n’est pas montré dans le film est la bataille judiciaire qui a suivi. La famille Glatzel a poursuivi les Warren, en raison d’un livre qui a été fait sur leur histoire, mais surtout en raison de la faible part de rémunération qu’ils ont touché : 4500 $ sur les 81 000 $ qu’ont gagné les époux Warren. Si Judy — la mère de famille qui donnait des somnifères à tout le monde — a protesté pour la faible part reçue, les enfants ont trouvé un autre angle.
David et Carl Glatzel ont poursuivi Gerald Britte. Il est l’auteur du livre « le diable du Connecticut », avec les époux Warren. Les enfants Glatzel les ont poursuivis pour atteinte à la vie privée, diffamation et détresse émotionnelle. La plainte a été rejetée faute de motifs suffisants.
Le verdict
Objectivement, Conjuring 3 est le moins bon de la franchise. L’angle est plutôt original en soi, mais, l’histoire d’Arne Johnson vient se superposer avec l’histoire des Warren, ce qui donne un ensemble parfois peu lisible et quelques longueurs.
Contrairement aux films de la franchise dans lesquels l’action est plus rapide, Conjuring 3 souffre de plusieurs temps morts.
Pour autant, c’est un bon film d’horreur, surtout pour les débutants et s’il y a quelques jump scares, il n’y a pas de scènes traumatisantes ou gores, qui peuvent rebuter certains spectateurs.
Conjuring 3 : sous l’emprise du Diable est disponible en DVD ainsi que sur la plateforme de streaming Max et Netflix.