The Grudge (2020)
Nicolas Pesce a souhaité faire son propre The Grudge, sorti en 2020. Que vaut-il ?
Sommaire
Le scénario
L’histoire est relativement simple : un esprit très en colère décide de hanter des gens tout à fait ordinaires. Elle commence à Tokyo, dans la maison du Grudge de 2004 avec Sarah Michelle Gellar. Fiona quitte la maison et se fait « happer » par l’esprit en colère.
Elle le ramène avec elle aux États-Unis. On peut se demander si transporter un fantôme dans ses bagages est fiscalement imposé d’ailleurs. Existe-t-il des droits de douane particuliers pour un esprit frappeur ? D’un autre côté, si une telle taxation existait, la France l’aurait probablement déjà inscrite dans le Code général des Impôts. Revenons à notre Ju-rei.
Fiona « contamine » toute sa famille et de fil en aiguille, le lieutenant Muldoon se retrouve en contact avec cet esprit vengeur. Elle va donc devoir le combattre pour sauver sa vie et celle de son fils.
Une suite pas tout à fait une suite
Nicolas Pesce admet ouvertement avoir voulu faire des clins d’œil à The Grudge de 2004. Il a utilisé certaines références, certains personnages, a copié certaines scènes du jeu vidéo. Est-ce une suite ou un hommage ?
Ce n’est pas tout à fait clair en réalité. D’un côté, il y a des références au film de 2004, mais les personnes n’apparaissent pas frontalement. Ils sont présents comme des notes de bas de page. Muldoon ne se rend pas au Japon, elle n’entre pas en contact avec les anciennes victimes.
Sur Wikipédia, le film est présenté comme une suite. Pourtant, il n’est pas numéroté, sinon, le titre aurait été The Grudge 3 ou quelque chose qui fait clairement référence aux deux autres films. C’est un petit peu confus, mais ce n’est pas le plus important. Vous pouvez regarder la version de 2020, sans avoir vu les volets précédents.
Fantômes japonais à la sauce américaine
Le film d’horreur japonais a ses adeptes. Je n’en fais pas vraiment partie. Mais, j’aime la rencontre entre le savoir-faire américain et les histoires japonaises. J’ai bien aimé The Grudge avec Sarah Michelle Gellar, tout comme Possession avec cette même actrice, The Forest avec Nathalie Doomer ou encore Spirits. Je me suis systématiquement endormie devant The Ring et ce n’est pas faute d’avoir essayé.
Mais, d’autres films m’ont mis assez mal à l’aise. Je les ai trouvés trop malsains. La question est : est-ce que The Grudge version Nicolas Pesce, avec Sam Raimi à la production fonctionne ?
Dans l’ensemble, oui. D’une part, les acteurs sont assez crédibles et on retrouve Lin Shaye, désormais bien connue des amateurs de films d’horreur pour son rôle dans la saga des Insidious. Si le grand public a pu la découvrir avec Insidious, c’est une véritable amoureuse du genre et on la retrouve aussi OuiJa. John Cho fait également partie de la distribution et son talent pour les rôles dramatiques se confirme à chaque prise.
Le film ne fait pas l’économie de quelques « jump scares », littéralement sursaut d’effroi ou de peur. Pour autant, ils sont globalement bien dosés. Même si l’arc narratif général peut paraître un peu confus au début, on finit par rentrer dedans.
Autre bémol : la photographie. Comme pour The Dare, elle est un peu trop sombre, cela manque réellement de lumière ou du moins de contraste. Par moments, on ne voit même pas surgir les esprits frappeurs.
Le verdict de The Grudge 2020
Dans l’ensemble, le film est correct. Mais, si vous souhaitez vous faire un marathon — hors saga de films — de cinéma d’horreur, commencez par The Grudge. Comme l’histoire est enchâssée en plusieurs briques, on peut facilement se perdre au milieu. Gardez-le pour la première ou deuxième partie de la soirée. Il fait partie de ses films un peu exigeants.
Il n’est pas dénué de poésie, surtout dans les scènes avec le couple dont la femme perd la tête. Le mari aime profondément sa femme et il souhaite qu’elle meure dans la maison, afin de ne pas rester seule après sa mort. Ses plans seront un tout petit peu contrariés.
À la différence des films occidentaux mettant en scène des fantômes ou des démons, ici, il n’y a pas d’échappatoire. Vous ne pouvez pas appeler un prêtre pour une séance d’exorcisme. Le fantôme et c’est littéralement le titre du film, a la rancœur très tenace. Il n’y a rien qui puisse l’apaiser, peu importe ce que vous ferez.
Comme beaucoup trop de films d’horreur, The Grudge n’est pas disponible sur les plateformes de streaming, il faudra vous rabattre sur le DVD. Mais, si tel est le cas, prenez quelques minutes pour regarder les bonus. Ils vous donneront envie de (re) voir les deux premiers.