American Horror Story : Cult
La première élection de Donald Trump a été un choc pour beaucoup de personnes, et c’est la trame de départ d’American Horror Story : Cult. Attention : cette chronique révèle des éléments clés de l’intrigue.
Sommaire
Le scénario d’American Horror Story : Cult
Nous sommes le soir de l’élection américaine de 2016. Donald Trump a gagné, et on observe les réactions des différents protagonistes. Il y a Ally et Ivy, un couple avec un enfant, absolument effondrées ; il y a Kai, euphorique au point d’essayer d’avoir un rapport sexuel avec la télévision ; et il y a les personnages secondaires, simplement stupéfaits.
Ally souffre de plusieurs phobies qui lui compliquent la vie. Suivie par un psychiatre, elle tente de lutter contre ses peurs et de s’adapter à la nouvelle donne politique de son pays. Malheureusement, un soir, une coupure de courant la panique, et elle tire sur un employé de son restaurant.
Accusée de racisme, elle commence à sombrer, tandis qu’une série de meurtres macabres frappe cette tranquille petite bourgade.
Peur
C’était intelligent de la part des scénaristes d’utiliser la première élection de Donald Trump pour montrer comment les gens réagissent face à la peur. Kai Anderson, personnage central de cette saison – bien plus qu’Ally – a compris comment exploiter ce qui constitue le pire moteur électoral : la peur.
Si vous observez le monde aujourd’hui, vous verrez que la peur est plus utilisée que toute autre émotion en politique. Pourquoi ? Parce qu’une personne qui a peur est relativement facile à manipuler. Il ne faut pas confondre peur et terreur : quelqu’un de terrifié réagit de façon imprévisible, tandis qu’une personne simplement effrayée est bien plus influençable. On le voit très bien à travers certaines théories du complot ou des mouvements sectaires.
C’est d’ailleurs pour cela que la saison s’intitule Cult. Car Kai Anderson, qui exploite habilement la peur pour attirer à lui des individus en quête de sens, va créer une véritable secte. Le point commun de tous les membres est la peur : peur d’être invisibles, peur de ne plus plaire, peur de finir à la rue, peur d’être déclassés, etc. Kai Anderson, en bon psychopathe, sait appuyer là où ça fait mal.
Une fois la peur activée, Kai utilise un autre levier : la colère. Là encore, une personne en colère est difficilement raisonnable. Il est compliqué d’avoir une conversation argumentée avec quelqu’un qui explose. Or, Obama n’a pas répondu à toutes les attentes des Américains.
L’histoire dans l’histoire
Au fil de ses aventures, Kai rencontre une ancienne adepte de Valerie Solanas. Si ce nom ne vous dit rien, c’est normal : il s’agit d’une figure du féminisme radical – mais vraiment très radical – des années 1960.
Après une enfance et une adolescence chaotiques, elle finit par rédiger un texte, le Manifeste de SCUM, dans lequel elle crache toute sa haine envers les hommes. Cult revient sur cette personnalité et son délire très personnel. Elle finira sa vie dans l’extrême dénuement, complètement isolée.
L’ancienne disciple de Solanas tente d’éduquer Kai, pour l’inciter à éveiller la colère des femmes. Pourquoi ? Parce qu’elle est persuadée que si les femmes sont suffisamment en colère, elles pourront conquérir le monde. On aimerait que les choses soient aussi simples, mais dans la série, cela fonctionne bien.
Le verdict
Soyons honnêtes : on a parfois envie de secouer Ally, qui pleurniche un peu trop au début de la saison. Prenez votre mal en patience, cela ne dure pas, et il y a une suite logique qu’on ne dévoilera pas ici. On ne peut pas tout vous raconter, sinon, qu’aurez-vous à découvrir ?
Plus sérieusement, l’ambiance glauque et morne des petites villes est bien retranscrite, au point qu’on rêve de fuir vers une grande capitale surpeuplée au plus vite. La quête de pureté militante de certains personnages est poussée à l’extrême. On pourrait croire à une caricature, mais lorsqu’on échange avec certaines personnes très politisées, obsédées par cette idée de pureté, on se dit que la série reste finalement assez mesurée.
L’un des aspects les plus intéressants de cette saison est l’hystérie qui a saisi certaines personnes lors de l’élection de Trump – qu’il s’agisse de la première ou de la seconde. Ce ne sont sans doute pas de bonnes nouvelles, mais le premier mandat a heureusement été « sauvé » par ce qu’on appelait alors des adultes responsables. Aujourd’hui, en 2025, ces adultes responsables semblent avoir disparu, mais il faut néanmoins garder la tête froide. Bret Easton Ellis avait d’ailleurs brillamment croqué cette hystérie dans son livre White.
Cult est une saison réussie, bien construite, intelligente, et qui nous pousse à réfléchir à nos propres angoisses. Sont-elles vraiment insurmontables ? Sont-elles réelles ou fantasmées ? Ont-elles une cause sérieuse ou ne sont-elles que le fruit d’un scénario inconscient qui nous pousse à voir des menaces là où il n’y en a pas ?
American Horror Story : Cult est disponible sur Disney+.