Horreur

Sinister

Sorti en 2012, Sinister fait partie des cartons de Blumhouse et est probablement l’un des films les plus terrifiants de la décennie. Attention : cette chronique révèle quelques éléments-clefs de l’intrigue.

Le scénario de Sinister

Ellison Oswalt est un écrivain de « true crime ». Avec sa famille, il s’installe dans une maison dans laquelle un massacre a été commis. Il cherche la trace de la supposée seule survivante du massacre, qui a disparu.

En fouillant dans le grenier, il met la main sur des vidéos en Super 8, montrant à la fois des scènes de la vie de la famille précédente, mais aussi leur exécution.

En poursuivant ses recherches, il trouve d’autres massacres similaires et commence à se rendre compte que sa famille est la prochaine cible.

Une entité imaginaire

M. Cruel ou Mister Boogie ou Baghuul n’existe pas. C’est une invention pure et dure de la production qui a préféré s’affranchir des thèses de démonologie ou du folklore pour créer une entité.

Si on creuse un peu, on se rend compte qu’il y a de diverses inspirations. L’une d’elles est celle du joueur de flûte d’Hamelin. En 1384, une ville était infestée par les rats. Un joueur de flûte se présenta et promit de débarrasser la communauté de ce fléau, en échange d’une récompense. La ville accepta, mais, après que le joueur de flûte a rempli sa part du marché, la ville refusa de lui donner sa récompense. Le joueur de flûte se vengea. Il revint le lendemain, un jour de fête, joua un air qui attira tous les enfants en dessous de 14 ans et les amena à Kopfelberg, lieu d’exécution des criminels. Les enfants ne furent jamais retrouvés.

Certains blogueurs ont rapproché Baghuul de Moloch, idole des Phéniciens et des Carthaginois à qui on sacrifiait des enfants vivants afin d’obtenir récoltes florissantes ou succès à la guerre. En reprenant le fil de Sinister, il est vrai qu’il y a une ressemblance : Ellison sacrifie sa famille pour obtenir un nouveau succès littéraire et commercial.

Le pouvoir de l’image

Le démon prend vie parce qu’il est visionné en vidéo, ce qu’on avait déjà vu dans certains films. Contrairement à Baghuul, il y a un fondement historique. Dans la Mésopotamie, on pensait que les objets pouvaient attirer ou au contraire, éloigner les entités maléfiques, notamment les représentations de certaines divinités, qu’elles soient bienveillantes ou malveillantes.

Dans le film, l’anthropologue explique à Ellison l’origine du démon, qui aurait été temporairement tué par les premiers chrétiens. Là encore, il y a quelques libertés, car dans les premiers temps de l’ère chrétienne, les idoles, à savoir les représentations des divinités païennes, n’étaient pas très bien acceptées.

Ce mythe de l’image s’est transmis au fil des siècles sous différentes formes, spécifiquement avec les poupées vaudoues, mais, au XIXe siècle, un autre art va voir le jour : la photographie spirite. On prétendait qu’une photographie pouvait capturer l’âme des morts ou même prédire la mort des vivants qui étaient photographiés. On retrouve d’ailleurs ce clin d’œil à la photographie spirite dans le troisième volet de Destination finale.

Le verdict

Est-ce que Sinister est effrayant ? Il n’est pas effrayant : il est terrifiant, même quand on est très habitué aux films d’horreur, qu’on en a beaucoup vu et qu’on a déjà vu plusieurs fois Sinister.

Tout d’abord, le jeu des acteurs nous fait immédiatement entrer dans le film, de même que la réalisation. La photographie est sombre, mais juste ce qu’il faut, ce qui fait que si vous avez vraiment peur, soit vous pouvez le regarder en plein jour, soit toutes les lumières allumées, sans en perdre une miette. La bande sonore reste dans la tête un long moment.

Par contre, si vous êtes facilement impressionnable ou très débutant en film d’horreur, ne lancez surtout pas ce film.

Ce qui participe aussi à cette atmosphère terrifiante est l’utilisation des enfants comme « vecteur » du démon et les enfants sont toujours très efficaces pour faire peur, parce que c’est à l’opposé des sentiments qu’ils peuvent générer chez les adultes. Cela explique pourquoi le film est ici classé à la fois dans les sales gosses et dans les démons.

On peut aussi relever le mélange entre les images « normales » ou numériques et les passages en Super 8, qui amplifie le malaise, notamment à la fin du film. Enfin, le monstre créé de toutes pièces est tout aussi efficace qu’un vrai monstre, sorti des livres d’histoires.

Sinister n’est pas disponible en streaming en dehors de Shadowz, mais vous pouvez le trouver en DVD. Si vous aimez avoir peur, vous ne serez pas déçu.