Horreur

American Horror Story : Roanoke

La sixième saison d’American Horror Story : Roanoke, est la plus méta de toute la franchise. Elle s’inspire d’une légende américaine désormais bien ancrée dans la culture populaire. Attention : cette chronique révèle des éléments-clés de l’intrigue.

Le scénario d’American Horror Story : Roanoke

Matt et Shelby forment un couple très amoureux et uni, vivant à Los Angeles. Un soir, alors qu’ils sortent fêter la grossesse de Shelby, ils sont agressés par un groupe de jeunes. Sous le choc, Shelby perd le bébé. Le couple décide donc de quitter la ville pour s’installer en Caroline du Nord.

Ils tombent sur une vieille bâtisse qu’ils achètent aux enchères pour une bouchée de pain. Mais le rêve vire rapidement au cauchemar : cette maison est bâtie sur les vestiges de la colonie perdue de Roanoke. Des esprits cherchent à les chasser, et la nièce de Matt, Flora, disparaît.

Après une nuit d’épouvante, le couple retrouve la fillette et s’enfuit précipitamment. La saison s’ouvre sur leurs témoignages face caméra dans le cadre d’une émission de téléréalité intitulée Le Cauchemar de Roanoke.

La colonie perdue de Roanoke

American Horror Story aime s’inspirer de faits réels, et l’histoire de Roanoke est bel et bien documentée. Il s’agissait de colons britanniques venus s’installer en Amérique vers 1580. John White, leur gouverneur, est reparti en Angleterre pour ramener des vivres.

À son retour, toute la colonie avait disparu sans laisser de traces. De nombreuses théories ont circulé pour expliquer cette disparition. La plus répandue, et longtemps la plus admise, suggérait qu’ils avaient été massacrés par des Amérindiens — une interprétation souvent utilisée à des fins racistes. D’autres hypothèses évoquaient des phénomènes ésotériques ou surnaturels.

En 2015, des archéologues ont retrouvé des artefacts datant de l’époque. Ces découvertes suggèrent qu’une partie des colons se serait intégrée aux tribus locales, notamment les Croatoans. Les recherches se poursuivent, mais une chose est certaine : la bouchère n’est pas responsable de leur disparition.

Avidité et téléréalité

Sidney, producteur de téléréalité aux dents longues, entend bien exploiter jusqu’à la moelle le filon du Cauchemar de Roanoke. Pour ce faire, il décide de réunir les « vrais » protagonistes de l’histoire ainsi que les acteurs ayant interprété leurs rôles, dans la maison maudite.

Évidemment, tout tourne au drame — après tout, nous sommes dans une série d’horreur. Mais ce qui intrigue, c’est la critique sous-jacente de la téléréalité. Sidney se moque éperdument des conséquences : lorsqu’un technicien meurt sur le plateau, sa première réaction est de demander quand le tournage pourra reprendre.

Il est tout aussi indifférent à la disparition de certains participants — à tel point qu’il ne semble même pas s’en apercevoir. Toutefois, la série montre aussi que le public n’est pas complètement dupe. L’expression « téléréalité » est perçue pour ce qu’elle est : un habillage marketing, où la réalité n’est qu’un prétexte.

La bouchère, le personnage central

Kathy Bates est une actrice exceptionnelle, et ce n’est un secret pour personne. Dans Roanoke, elle incarne avec intensité une psychopathe terrifiante. Son personnage imaginaire, la bouchère, est une femme sanguinaire qui règne par la terreur sur sa colonie. Mais peu à peu, Agnes — l’actrice qui l’interprète dans la fiction — va se laisser happer par son rôle.

Dans la deuxième partie de la saison, elle est interviewée par Sidney, qui évoque ses dérapages passés, notamment une agression à la feuille de boucher. Une question se pose alors : Kathy Bates joue-t-elle une Agnes prise dans la folie, ou incarne-t-elle véritablement la Bouchère ?

Les fans de Stephen King feront sans doute le lien avec un autre grand rôle de Kathy Bates : Annie Wilkes, l’infirmière de Misery. Il est fort probable que l’actrice ait puisé dans ce personnage pour nourrir son interprétation à la fois d’Agnes et de la Bouchère.

Le verdict

Roanoke peut déconcerter. Dans les premières minutes, difficile de savoir s’il s’agit d’un documentaire ou d’une fiction. Le montage entretient volontairement cette ambiguïté. Ce n’est qu’en voyant le duo Sarah Paulson / Cuba Gooding Jr. que l’on comprend la structure narrative : une émission de téléréalité revient sur un fait divers fictif.

La trame principale reste celle d’une maison hantée ou maudite, construite sur les cadavres de la colonie de Roanoke. Comme dans Murder House, on suit l’histoire sanglante de cette demeure au fil des siècles, où tous les occupants finissent par mourir ou disparaître.

Dans l’ensemble, l’histoire tient la route, mais elle ne sera pas forcément effrayante pour les gens qui ont toujours vécu en ville. A contrario, si vous vivez dans un coin un peu similaire à Roanoke, vous risquez de faire des bonds de cent mètres en l’air à chaque fois que le parquet se met à grincer. American Horror Story : Roanoke est disponible sur Disney+.