Horreur

American Horror Story : NYC

American Horror Story : NYC est probablement la saison la plus mal notée par les fans de la franchise, avec Delicate. Il y a une raison simple à cela. Attention : cette chronique révèle des éléments clés de l’intrigue.

Le scénario d’American Horror Story : NYC

Nous sommes à New York, en 1981. Un tueur en série s’en prend aux hommes homosexuels, dans l’indifférence générale de la police, qui se contente de ramasser les cadavres. Seul Patrick semble s’en soucier – et pour cause : il vit en couple avec Gino, journaliste et rédacteur en chef d’un journal LGBT.

Ce dernier tente d’alerter les autorités sur les violences que subit la communauté homosexuelle, mais n’est pas exempt de reproches : il a tendance à négliger la communauté lesbienne.

Adam, jeune homme fraîchement arrivé en ville et parfaitement assumé, s’inquiète de la disparition de son ami Sully. Une nuit, à Central Park, il est poursuivi par un homme vêtu de cuir ou de latex, cagoulé, couvert de chaînes : Big Daddy. Il croise alors Patrick et Gino dans sa quête de vérité et se confie à son amie Hannah, médecin, qui découvre une mystérieuse maladie ne touchant que les homosexuels.

Une horreur bien humaine

Si cette onzième saison a déplu à de nombreux fans, c’est sans doute parce qu’elle ne repose pas sur une horreur surnaturelle. Pas de monstres, de vampires, de zombies ou de fantômes ici.

L’horreur vient de la maladie – car oui, il s’agit bien du SIDA. Ce que vous verrez : des corps en décomposition, des souffrances physiques et mentales, du pus, du sang, de l’urine… Tout ce que cette maladie infligeait lorsqu’elle a été découverte.

La jeune génération est aujourd’hui moins sensibilisée au VIH. Certes, la science a progressé, mais il n’existe toujours aucun remède. Il y a des traitements pour freiner l’évolution du virus, mais on cherche encore un vaccin. Cette saison devrait être vue par tous les jeunes qui entament leur vie sexuelle – y compris les hétérosexuels.

La série se concentre sur la communauté homosexuelle masculine, mais il ne faut pas oublier que les femmes peuvent aussi contracter le SIDA, notamment lors de rapports hétérosexuels. Deux personnages féminins en décèderont d’ailleurs dans la série.

L’invisibilisation d’une partie de la communauté LGBT

Dès les premières minutes du premier épisode, Gino se fait interpeller par Fran et ses amies, qui lui reprochent d’ignorer la communauté lesbienne dans son journal. C’était peut-être un avertissement de la part de l’équipe créative : l’accent sera mis principalement sur les hommes homosexuels.

On pourrait même dire : sur les hommes homosexuels blancs, avec un certain pouvoir d’achat. Plusieurs critiques, y compris dans la presse LGBT, ont souligné la quasi-absence des femmes lesbiennes, ainsi que des communautés latino et afro-américaine.

On pourrait aussi parler de l’absence des classes populaires. Tous les personnages semblent vivre confortablement, sans souci financier. Pourtant, le pouvoir d’achat est un facteur crucial dans l’accès aux soins, aux médicaments, ou même aux lieux de sociabilité comme les bars, clubs ou plages de Fire Island.

Imbrication d’histoires

Le principal défaut d’American Horror Story : NYC est son trop-plein narratif. La saison mêle plusieurs récits : un tueur en série inspiré de Jeffrey Dahmer (à qui les créateurs consacreront un biopic), un tueur masqué mystérieux (Big Daddy), l’émergence du SIDA, les discriminations que subit la communauté homosexuelle à New York dans les années 80, et leur lutte pour la reconnaissance de leurs droits.

C’est peut-être un peu trop. À certains moments, on ne sait plus vraiment vers où les scénaristes veulent nous emmener. La saison, composée de dix épisodes, semble d’ailleurs scindée en deux : une première partie centrée sur le tueur réel, une seconde sur Big Daddy.

On finit par perdre un peu le fil, mais tout s’éclaire dans les deux derniers épisodes, les plus poignants de la saison. Ils comportent quelques longueurs, certes, mais on les pardonne : c’est un effet de style assumé. Montrer certaines choses crûment a parfois plus d’impact que mille discours.

Le verdict

La première fois que j’ai vu American Horror Story : NYC, j’ai eu du mal à accrocher. En tant que femme hétérosexuelle, blanche, vivant en France dans les années 2020, sans questionnement identitaire, je n’étais probablement pas la cible idéale pour cette saison.

Et puis sont arrivés les deux derniers épisodes. Quelque chose s’est éclairé. On se rappelle que le SIDA tue, et qu’il touche aussi des hétérosexuels. Peut-être qu’à l’époque des cours d’éducation sexuelle – que je n’ai jamais eus, ayant étudié dans des établissements catholiques – on aurait dû nous montrer des images de malades. Peut-être devrait-on encore les montrer à ceux qui refusent d’utiliser des préservatifs en affirmant : « Je suis clean. »

La mise en scène est de temps en temps kitsch, mais les deux derniers épisodes sont portés par une scénographie puissante. Sans rien vous révéler, disons simplement qu’ils laisseront une empreinte durable. Même si vous êtes tenté·e de décrocher en cours de route, il faut laisser sa chance à American Horror Story : NYC. Car même sans monstres, cette saison fait réfléchir, et elle n’est pas dépourvue d’une certaine poésie.

American Horror Story : NYC est disponible sur Disney+.