The substance
The substance est probablement l’un des pires films d’horreur de l’année 2025.
Sommaire
Le scénario de The substance
Actrice primée et vedette d’une émission de fitness à la télévision, Elisabeth Sparkle est renvoyée par son producteur le jour de son cinquantième anniversaire.
Après un accident de la route, elle est auscultée par un infirmier, qui lui remet une clef USB, lui promettant de découvrir une meilleure version d’elle-même.
D’abord dubitative, elle finit par contacter l’entreprise présentée dans le film, contenu sur la clef USB et passe une commande pour une meilleure version d’elle-même.
Son alter ego, Sue, va prendre sa place durant sept jours, avant de permuter avec Elisabeth. Sauf que Sue a envie d’indépendance.
Un scénario pseudo-féministe version Saint-Germain-des-Prés
La réalisatrice a voulu faire un film d’horreur féministe en mettant l’accent sur le fait qu’on jette les femmes à la poubelle quand elles dépassent un certain âge. C’est aussi révolutionnaire que Simone de Beauvoir.
C’est encore moins révolutionnaire et carrément hypocrite que Demi Moore, qui a un physique parfait, a plus de soixante ans. Donc, pour jouer une quinquagénaire, on a été cherché une sexagénaire, qui a eu recours à la chirurgie esthétique, durant toute sa carrière.
L’autre hypocrisie du film repose sur le métier d’Elisabeth : elle est une actrice et animatrice de fitness. On y reviendra plus bas, mais c’est réellement un métier basé sur le physique. Aujourd’hui, beaucoup de femmes subissent le jeunisme dans leur métier, alors même que leur âge ou leur physique ne sont pas des critères objectifs de réussite de leur profession.
Ainsi, pour la case « féminisme », on repassera.
Jeu temporel et arnaque sociétale
Au début du film, on pense se situer dans les années 80 : les codes couleur, la décoration qui donne mal aux dents et surtout, les cours d’aérobic. On connaissait ça dans les années 80 et on l’avait bien vu avec American Horror Story : 1984.
Sauf qu’on découvre que nous sommes de nos jours. Premier indice : la clef USB. Deuxième indice : les marques de maquillage. Troisième indice : le smartphone qui fait son apparition à un moment dans le film. Devinette : qui regarde encore la télévision aujourd’hui ? Pas les jeunes. Autre devinette : qui regardait les émissions d’aérobic dans les années 80 ? Pas les jeunes.
Les jeunes allaient dans les salles de sport ou achetaient des cassettes VHS. Ce sont les personnes qui étaient plus âgées, moins à l’aise avec leur corps qui regardaient ces émissions depuis chez elles. Si l’usage voulait qu’on mette quelques belles personnes à l’écran, on ne mettait pas forcément des gamines de 20 ans en avant.
Vous en doutez ? Jane Fonda avait 45 ans quand elle a lancé sa célèbre émission d’aérobic. Et on n’avait pas l’impression d’assister à un mauvais porno.
Le mythe de la belle femme seule
La réalisatrice est partie dans un délire absolument superficiel et totalement con – oui, osons le terme. Elisabeth se retrouverait sans rien du jour au lendemain, en raison de son renvoi. On apprend au début du film qu’elle a été une actrice primée, mais elle est une simple locataire de son appartement.
On nous présente donc une femme de 50 ans, qui n’aurait pas d’amis, pas de famille, pas de compagnon, n’aurait pas fait d’investissements intelligents pour ces vieux jours et qui aurait pour seul atout, son physique. D’une part, c’est très éloigné de la réalité du business américain — tous les acteurs qui ont une belle carrière, savent qu’il peut y avoir des revers de fortune, donc prennent des conseillers et des gestionnaires — d’autre part, on est carrément à l’opposé du féminisme.
En voulant dénoncer le fait de réduire la femme à un corps, la réalisatrice a fait exactement la même chose : elle a cantonné Demi Moore à une potiche, sans intelligence, qui n’aurait pour seul but que de présenter une émission de fitness. Pire encore : après son renvoi, Elisabeth ne cherche pas à se placer ailleurs ou même à créer son propre empire de fitness. Elle se contente de se faire percuter par une autre voiture.
Quant à Sue, elle est cantonnée au rôle de fille très délurée, sans cervelle et qui ne profite pas de la nouvelle chance qui s’offre à elle. La représentation qui est faite de Sue n’est même pas issue du monde du film d’horreur : il sort carrément de la pornographie.
La technologie, totalement absente
On va partir du principe qu’il y a un parti pris de la réalisatrice, à ne pas utiliser les technologies dans le film, en particulier, les réseaux sociaux. Or, aujourd’hui, on ne connaît que trop bien l’influence des réseaux sociaux et des influenceurs.
Si le film se déroulait dans les années 80, le film aurait déjà eu plus de sens et de pertinence. La chirurgie esthétique n’était ni aussi accessible ni aussi perfectionnée qu’aujourd’hui. Par ailleurs, les années 80 étaient amplement plus sexistes que maintenant, même s’il reste du chemin à faire. Le drame que traverse Elisabeth aurait été beaucoup plus approprié et plus compréhensible.
En faisant jouer actuellement un tel scénario, il n’a aucun sens. Aux États-Unis, il n’y a plus beaucoup de chaînes de télévision qui diffusent des émissions de type aérobic. Mais, on peut en citer Sit and be fit en émission de télévision, créée et animée par Mary Ann Wilson, 87 ans. Il y a aussi Essentrics, animé par Miranda Esmonde-White, 76 ans.
La réalité est que si on parle de télévision, ce sont les plus de cinquante ans qui trustent les audiences, les plus jeunes ont migré vers le streaming et les réseaux sociaux. Là encore, le propos de base, à savoir le renvoi d’Elisabeth en raison de son âge aurait été intelligent si la chaîne était un service de streaming et même comme ça, on a des doutes. Les producteurs sont des surtout des entrepreneurs : si une émission fonctionne, il n’y a aucune raison de changer la recette.
Le verdict pour the substance
À ce stade de la lecture, vous avez probablement compris qu’on a détesté ce film. Il dure 2 h 21. Il est mal filmé, mal scénarisé, mal documenté. La décoration globale est un cauchemar ambulant, la salle de bains dans laquelle se passe une partie de l’action, rappelle un hôpital ou une morgue. Encore qu’on ait connu des morgues plus chaleureuses.
Coralie Fargeat a vaguement essayé de nous faire croire qu’elle s’y connaissait en films d’horreur, avec la moquette qui rappelle The Shining ou encore la grande scène finale avec la pluie de sang, pour faire un clin d’œil à Brian de Palma, sans oublier les scènes monstrueuses pour faire comme si elle avait compris David Cronenberg.
Sauf que : des films d’horreur, ici, on en a vu beaucoup, des très bons, des moins bons et des carrément mauvais. On connaît nos classiques. On sait faire la différence entre un vulgaire plagiat sans inspiration, un clin d’œil ou carrément un méta comme la saga des Scream.
Avec The substance, on essaie de copier American Horror Story : 1984 et Delicate pour le côté « physique », on ajoute un féministe branchouille et on essaie de provoquer l’écœurement du spectateur avec des scènes inutiles. Excepté que n’est pas Eli Roth ou Rob Zombie qui veut.
Est-ce que The substance fait peur ? Il fait peur par sa médiocrité générale, par sa bande sonore infecte, ses décors ringards, le fait qu’il a été financé avec de l’argent public français, mais, vous serez certainement plus effrayé par les marcheurs blancs de Game of Thrones que par cette pathétique tentative d’incursion dans le cinéma d’horreur. Le film est disponible en DVD et il est largement dispensable.