Amityville
Est-ce qu’il existe une seule autre ville, Amityville dont la simple évocation suffit à terroriser instantanément ou presque tout un auditoire ?
Le drame d’Amityville est que le réel le dispute à la fiction. On ne sait plus vraiment ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Ici, on va surtout parler du film de 2005. Une première version, sortie en 1979, intitulée Amityville : la maison du diable, a vu le jour et a fait des petits. Dans les années 2000, un remake, assez bien réussi, a été produit.
Sommaire
La véritable histoire d’Amityville
Qui ne connaît pas l’histoire ? Dans la nuit du 12 au 13 novembre 1974, Ronald DeFeo massacre toute sa famille. Cette partie est identique dans la vie et dans le film. Dans la vie, après le massacre, il se rend dans un bar et dit que quelqu’un a tiré sur son père et sur sa mère. Accompagné d’un petit groupe, il retourne au 112 Ocean Avenue. Une des personnes du groupe téléphone à la police. Rapidement interrogé, il finit par craquer et avoue le massacre de tout le monde. Durant son procès, il plaidera la folie. Il meurt en détention à l’âge de 69 ans, le 12 mars 2021.
Pourquoi cette histoire est-elle liée au diable ?
En décembre 1975, la famille Lutz achète la maison pour une bouchée de pain. Aux États-Unis, si un meurtre a été commis dans un bien immobilier, l’agent doit vous en informer et cela a un impact sur le prix de vente. Au bout de 28 jours, les Lutz quittent précipitamment la maison, au milieu de la nuit. La famille a parlé d’une présence diabolique qui l’a poussée hors de la maison.
Les Lutz ont tiré profit de cette histoire et elle est entrée dans la légende, aussi bien des films d’horreur que des histoires de fantômes. Depuis, on a fait des films en pagaille.
Le synopsis de la version de 2005
Le film de 2005 reprend donc la véritable histoire. Ronald DeFeo massacre toute sa famille, les Lutz emménagent quelques mois plus tard. Pourquoi une histoire que tout le monde connaît fonctionne-t-elle ?
On ne peut pas s’empêcher de se projeter sur les Lutz. Voilà une famille de la petite classe moyenne, qui rêve d’avoir son nid douillet, qui n’a pas de gros moyens, qui s’endette pour offrir du confort à sa famille, dans une ville paisible. On ressent le stress de George Lutz, qui se demande comment il va payer ses factures et qui a des difficultés avec le fils aîné de sa femme – qui n’est pas le sien.
On comprend aussi le sentiment d’abandon instillé dans le film. Kathy Lutz cherche de l’aide, se tourne vers un prêtre qui la croit, mais comment peut-on faire sortir des fantômes de sa maison ? Ce n’est pas comme avec des squatteurs ou des nuisibles bien vivants.
Le mythe d’Amityville
L’autre élément qui a amplement contribué au succès d’Amityville est la mythologie autour de cette histoire : les photos sur lesquelles l’on voit les fantômes des enfants DeFeo, le mensonge selon lequel la maison serait construite sur un ancien cimetière indien, le fait que les époux Warren auraient tenté d’exorciser la maison, etc.
Il y a un véritable mythe autour de la maison du 112 Ocean Avenue, qui fonctionne encore en 2025. D’ailleurs, l’adresse exacte n’est plus 112 Ocean Avenue, mais 118 Ocean Avenue. La ville a changé le numéro pour tenter de décourager les curieux.
D’ailleurs, que devient cette maison ? Sachez qu’elle s’est vendue en 2023 pour 1 460 000 $. Le précédent acheteur l’avait acquise pour une bouchée de pain : 350 000 $. Il a tout refait du sol au plafond. Depuis les Lutz, plus personne n’a observé de phénomène surnaturel dans la maison, ce qui renforce la conviction de ceux qui tiennent les Lutz pour des escrocs ayant souhaité se faire de l’argent.
Verdict sur le film
Je connaissais amplement l’histoire d’Amityville, mais, comme pour La maison de l’horreur, le film a bien fonctionné sur moi. Deux scènes en particulier m’ont marqué. La première est celle où la baby-sitter se retrouve enfermée dans un placard avec le fantôme de la plus jeune fille DeFeo. La seconde est la scène de fin avec le fantôme de cette même petite fille, qui hurle, finit par se faire attraper par les pieds et traverse le plancher, abandonnant son ours en peluche sur le sol.
Il mise avant tout sur la psychologie et sur notre propre capacité à nous faire peur. Il utilise quelques codes classiques du cinéma d’horreur démoniaque, sans trop en faire. Les acteurs ont un jeu assez sobre, mais crédible. Peut-être qu’une part de nous a envie de croire que les Lutz n’ont pas menti. Que le Diable ou les démons existent, car, cela suppose l’existence de Dieu et du Bien. Cela a quelque chose de réconfortant. Admettons aussi qu’insérer « d’après une histoire vraie » sur l’affiche d’un film d’horreur, ça aide à générer des entrées au cinéma.
On peut aisément classer Amityville (2005) dans les classiques. Il n’est pas intégré sur les plateformes de streaming et, comme tous les DVD sortis au début des années 2000, en neuf, son prix commence à grimper. Essayez de le trouver en occasion.