Horreur

La maison de l’horreur

Quand on me demande quel est mon film d’horreur préféré – et cela arrive fréquemment – je réponds assez souvent que « La maison de l’horreur » fait partie de mon panthéon personnel.

Le synopsis

Techniquement, La maison de l’horreur est un remake de La nuit de tous les mystères, sorti en 1959 et réalisé par William Castle. Le clin d’œil est assez visible : le premier rôle de l’époque était campé par Vincent Price et l’un des protagonistes s’appelle Stephen H. Price.

L’histoire est simple : sept personnes qui ne se connaissent absolument pas vont devoir passer la nuit dans un manoir, qui était un ancien hôpital psychiatrique. Les cinq invités ont le choix : s’en aller ou passer la nuit sur place. S’ils restent, ils toucheront un million de dollars. Cette idée est née de l’imagination de Stephen Price, pour l’anniversaire de sa femme Evelyn. Dans la vie, il est concepteur d’attractions. Pour taquiner sa femme, il invite quatre personnes inconnues, la cinquième étant un genre de gardien de la maison.

À l’heure de séries comme Squid Game, en quoi La maison de l’horreur, sortie en 1999, peut-elle avoir un intérêt ?

Le vrai visage de la psychiatrie

L’une des raisons pour lesquelles j’aime ce film est la mise en avant du caractère criminel de la psychiatrie. Pendant très longtemps, la psychiatrie a été un prétexte pour torturer des gens. Les expériences du docteur Cotton en sont un bel exemple. Comme les personnes étaient folles, qui allait les croire quand elles allaient décrire des ablations d’organes ou des extractions de dents ? Revenons à notre film.

Nos quatre invités arrivent au manoir, font la connaissance du couple Price, et au moment où le gardien déclare qu’il préfère s’en aller, toutes les portes et les fenêtres de la maison se ferment, enfermant très hermétiquement tous les occupants.

Ils s’en accommodent assez bien : après tout, gagner un million de dollars juste en restant dans une vieille bâtisse, c’est de l’argent facilement gagné. Mais les fantômes de la maison se réveillent, les uns après les autres, et pas n’importe quels fantômes : ce sont les victimes du docteur Vannacutt, le médecin-chef de cet ancien hôpital psychiatrique. Elles sont en colère, très en colère, et bien décidées à faire subir les crimes qu’elles ont eux-mêmes subis.

S’il y a un fond de surnaturel dans le film, une bonne partie des meurtres sont le fait des vivants, et c’est aussi ce qui m’a plu. Il n’y a pas nécessairement besoin de chercher bien loin pour trouver quelque chose d’effrayant. Parfois, il suffit de se regarder dans un miroir.

Le narcissisme de l’horreur

On peut concéder que le scénario est facile. Il l’est certainement, mais autant que n’importe quel autre film. Ce n’est pas l’essentiel. Le plus important est ce qu’on ressent à la fin. J’avais vu ce film au cinéma, avant de demander à mon père de me l’offrir en DVD. Une scène en particulier m’a beaucoup marqué et, pour tout dire, m’a terrifié.

Melissa Marr, un genre d’animatrice de télévision, se promène dans la maison en quête d’éléments pour un reportage racoleur. Elle arrive dans ce qui était une salle d’opération. Elle a le nez collé sur sa caméra et elle voit un médecin et des infirmières en train de torturer un patient attaché sur un brancard. Elle lève le nez de la caméra, regarde la salle, ne voit rien. Elle regarde de nouveau l’écran de sa caméra et voit que tout le monde la regarde. Le regard lancé sur Melissa est glaçant. Ce sont des entités dématérialisées, elles n’existent pas et pourtant, elles sont bien là.

Je ne l’ai pas trouvé particulièrement gore, même s’il y a quelques scènes un peu sanguinolentes. Il l’est beaucoup moins que The Devil’s Rejects, par exemple. Si on sort de la catégorie horreur, Peaky Blinders est infiniment plus gore que La maison de l’horreur.

Comme dans tous les bons films d’horreur, il y a aussi quelques scènes comiques, distillées ici et là, que je vous laisserai découvrir. La maison de l’horreur n’est pas disponible en streaming, malheureusement, et il n’y a plus que quelques exemplaires DVD qui circulent. Il faudra faire preuve d’imagination pour mettre la main dessus. Mais si vous tombez sur un exemplaire dans un vide-greniers, un magasin de seconde main ou une brocante, achetez-le.