Bron
Coproduction à la fois suédoise et danoise, Bron est un peu l’ancêtre des enquêtes du département V, mettant en scène une enquêtrice absolument hors-norme. Attention : cette chronique révèle des éléments-clefs des intrigues secondaires.
Sommaire
Le scénario de Bron
Un cadavre coupé en deux est retrouvé sur le pont de l’Øresund. Ce dernier relie la ville de Malmö (Suède) et de Copenhague (Danemark). En raison du caractère binational de l’affaire, les polices criminelles des deux pays sont sollicitées.
Saga Norén sera chargée de l’enquête pour la Suède et Martin Rohde représentera le Danemark. C’est le début de la première saison de Bron.
Au fil des quatre saisons, ces deux polices vont collaborer pour résoudre des enquêtes impliquant les deux pays. Si Saga Norén représente la Suède durant les quatre saisons, Martin Rohde sera remplacé par Henrik Sabroe pour la troisième et quatrième saison.
Des enquêtes très sanglantes
Âmes sensibles s’abstenir. Ici, on est dans le naturalisme plein phare et on voit beaucoup de détails en salle d’autopsie. On voit parfois moins de gore dans les films d’horreur que dans certains polars. Dans la première saison, on retrouve un cadavre coupé en deux et on trouvera d’autres.
Dans la deuxième saison, nous sommes en pleine épidémie et après l’épidémie de Covid que le monde a connu — la série est bien antérieure — on regarde cela avec une certaine tendresse, devant la naïveté des scénaristes.
La troisième saison nous emmène sur les traces d’un serial-killer qui a un goût prononcé pour l’esthétique. Là encore, si la vue des cadavres vous retourne l’estomac, allez-y avec précautions.
Enfin, la quatrième saison — qui est aussi la plus faible — nous parle de vengeance. À l’exception de la saison quatre, les scénarios sont très bien construits, plutôt fins et intelligents.
Saga Norén, l’énigme
On regarde Bron pour les enquêtes policières, mais, surtout pour Saga Norén. Même si ce n’est jamais dit explicitement et que ce n’était même pas dans le cahier des charges des scénaristes, elle présente des similitudes avec le syndrome d’Asperger.
C’est un esprit assez brillant, qui assimile très rapidement les informations, est capable d’une analyse très fine, mais qui est totalement inapte socialement. Ainsi, quand Martin Rohde lui demande si elle a des enfants, elle répond « pourquoi, je devrais ? ». Ou quand un parent lui demande si la police va retrouver son enfant disparu, elle répond que statistiquement parlant, il y a peu de chances.
Elle est présentée comme insensible, mais ce n’est pas du tout le cas. C’est quelqu’un de franc, qui peut souffrir du jugement des autres, mais, elle ne s’encombre pas de bavardages inutiles. Par ailleurs, au fil des saisons, elle essaie d’apprendre à communiquer.
Enfin, bien que ça ne soit pas dit explicitement, il est probable que ses réactions soient dues aux mauvais traitements dont elle a souffert lorsqu’elle était enfant, mauvais traitements qui vont la poursuivre à l’âge adulte, en particulier durant la saison trois et quatre.
Martin et Henrik : les miroirs
À l’inverse, Martin est quelqu’un d’affable, bon vivant, qui tient à afficher une bonne image et fait preuve de bonhommie. Il s’attache beaucoup à Saga — de manière amicale — car c’est quelqu’un de très rigide, contrairement à lui, qui a tendance à prendre des chemins détournés.
Mais, la mort de son fils aîné va profondément l’anéantir. En dépit du soutien de Saga, il n’arrivera pas à passer au-dessus et terminera en prison. Normalement, il aurait dû rester dans la série. Mais, l’acteur jouant son rôle a été victime d’une vague d’antisémitisme, faisant qu’il a préféré quitter la série.
Henrik surgit donc pour le remplacer à la saison trois et lui a une idée derrière la tête. Sa femme et ses filles ont disparu. Il veut faire équipe avec Saga pour une raison simple : c’est la seule personne suffisamment compétente pour résoudre cette affaire.
Saga y parviendra et entre eux surviendra une curieuse relation amoureuse, qui paraît finalement plus saine par rapport à d’autres liaisons qu’on peut voir dans les films ou dans la vraie vie.
Le verdict
Canal+ a littéralement fait de la rétention sur la dernière saison de Bron, nous laissant un peu orphelin à la fin de la saison trois lorsque Saga est mise en examen. Finalement, le salut et le point final sont venus grâce à Prime, qui a mis en ligne la saison quatre.
La série est intelligente et bien écrite. Il y a une faiblesse dans le scénario de la saison quatre. D’une part, ils ont voulu faire une histoire à part entière avec des meurtres en série, pour respecter le principe de la série, tout en essayant de résoudre la disparition de l’épouse et des enfants d’Henrik et en seulement huit épisodes. Cela donne parfois un peu le vertige.
Ce qui est intéressant est que la série casse de nombreux codes : le personnage principal de Saga n’est pas quelqu’un de sympathique, pour autant, on s’y attache et elle n’est pas un antihéros à la Docteur House, qui se croit supérieure aux autres. Elle fait ce qu’elle croit être juste et légal et cela crée une fracture avec ses collègues. Pourtant, quitte à avoir affaire à des policiers, on préfère avoir Saga Norén en face de nous plutôt qu’un Rasmus Larsson.
Si vous avez aimé Millenium ou les enquêtes du département V, vous pourrez être séduit par Bron, qui est à la frontière des deux franchises. Bron est disponible de la saison 1 à 3 en DVD et en intégralité sur Prime Video.