Horreur

Le dernier rite

Sorti en 2009, le dernier rite (the haunting of Connecticut) est un excellent film de possession démoniaque. Attention : cette chronique révèle quelques éléments-clefs de l’intrigue.

Le scénario du dernier rite

Les Campbell sont une famille un peu juste financièrement, en raison des frais médicaux engendrés par leur fils. Atteint d’un cancer, la famille doit fréquemment faire des déplacements dans un hôpital spécialisé dans le Connecticut pour qu’il puisse être soigné.

Après réflexion, la famille décide de prendre une location proche de l’hôpital et par hasard, Carmen trouve une charmante maison à proximité. Elle signe le bail et toute la famille s’installe.

Très rapidement, elle comprend que la maison était un ancien funérarium. Nullement effrayé, leur fils s’installe au sous-sol, mais, des phénomènes bizarres vont se produire et Matt devenir de plus en plus malade.

Parfois, les morts ne restent pas morts, surtout quand ils ne sont pas partis en paix.

La véritable histoire des Snedeker

Le film est sorti avant la vague des Conjuring. Pourtant, le cas Snedeker — dont est inspiré le film — est une enquête des époux Warren, qui date de 1986. Carmen Snedeker a fait des expériences traumatisantes dans cette maison, ainsi que les autres membres de sa famille. Elle a appelé les époux Warren à l’aide.

Mais, comme souvent, il y a une autre version de l’histoire, beaucoup moins surnaturelle et beaucoup plus rationnelle. Les Snedeker avaient de très gros problèmes financiers. Leur fils aîné, Phillip, était effectivement atteint d’un cancer. À cela, il faut ajouter qu’Allan Snedeker avait un problème d’alcool et que la mère cumulait plusieurs petits boulots pour faire vivre les trois enfants, ainsi que les deux nièces, venues s’installer avec eux.

En plus de son cancer, Phillip a été diagnostiqué schizophrène et a fait plusieurs séjours, non seulement en hôpitaux psychiatriques, mais aussi en centres de détention pour mineurs. Il a sexuellement agressé sa cousine. Il consommait des stupéfiants, s’était rendu coupable de vandalisme et s’était même introduit chez des voisins.

Le canular du 208 Meriden Avenue, Southington, Connecticut

De manière parfaitement opportune, Carmen Snedeker a commencé à parler d’histoires de fantômes au moment où son propriétaire lui a envoyé un avis d’expulsion pour loyers non payés. Elle a contacté les époux Warren, en indiquant qu’elle était propriétaire de la maison et qu’elle ne savait pas que la bâtisse était un ancien funérarium.

Alors que dans certaines histoires, les voisins parlent, eux aussi, de phénomènes étranges, dans le cas Snedeker, le voisinage a fait corps contre les Snedeker. Tout le monde les a tournés en ridicule et les a clairement traités de menteurs.

Quant à Darrell Kern, le propriétaire de la maison, il a soutenu qu’il avait indiqué dès le départ que la maison était un ancien funérarium, version soutenue par son épouse et par les voisins. Il est d’autant plus crédible que l’entrée est visible sur les photos de l’époque. Cela n’a pas empêché Ray Garton d’en faire un livre, dont les droits seront ensuite vendus pour le film.

Aujourd’hui, Phillip Snedeker est décédé — après la sortie du film — en 2012 d’un cancer. Sa mère est toujours vivante. Quant à son père, après son divorce avec Carmen, il a disparu de la circulation.

Le ressort émotionnel et historique du film

Si le film fonctionne si bien, ce n’est pas tant grâce à l’histoire des Snedeker, qui n’est donc qu’une supercherie destinée à se faire de l’argent, que par son histoire et sa mise en scène.

Le premier axe est émotionnel : on a de la peine pour Matt, qui est un adolescent, atteint d’un cancer agressif, qui le met à plat. Par ailleurs, les Campbell ont l’air de gens charmants et adorables, un peu comme l’étaient les Lutz dans Amityville.

Le second axe est historique. Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, la bonne société se piquait de pratiques ésotériques. Tout était bon pour se donner du frisson et on les comprend : à l’époque, il n’y avait ni chaînes d’information en continu, ni réseaux sociaux, ni films d’horreur. Il fallait donc occuper les soirées d’hiver.

Curieusement, dans l’Amérique puritaine, le spiritisme et la nécromancie n’étaient pas vus comme des pratiques problématiques, surtout dans la bonne société.

La scène des cadavres

En lui-même, le film ne donne pas dans le jump-scare à outrance, cela fonctionne plutôt par petites touches impressionnistes, ici et là, pour poser l’ambiance.

La scène la plus marquante est certainement celle des cadavres. Matt s’échappe de l’hôpital et rentre chez lui. Il brandit une hache et commence à s’attaquer aux murs. La scène n’est pas sans rappeler Shining.

Au fur et à mesure qu’il démolit les murs, il découvre des cadavres empilés les uns sur les autres. L’ensemble n’est pas tant effrayant qu’un peu glauque et c’est finalement le générique de fin qui est le plus effrayant, mais on vous laissera le découvrir par vous-même.

Le verdict

Il faut faire totalement abstraction de la véritable histoire des Snedeker. Ce n’était qu’une escroquerie et rien d’autre. D’ailleurs, personne n’a plus jamais parlé de phénomènes paranormaux après leur départ.

L’ensemble est bien joué et on y croit. On rentre facilement dans l’histoire et la charge émotionnelle est bien dosée. Il n’y a pas une accumulation qui frôlerait l’overdose. Les acteurs sont convaincants et le film a la bonne idée de ne pas être trop long.

Point bonus supplémentaire : la photographie n’est pas trop sombre, ce qui est l’un des écueils dans le cinéma d’horreur. Le film n’est pas disponible sur les plateformes de streaming. Néanmoins, vous pourrez le trouver sur Amazon à un prix raisonnable.