Gangster

Les Sopranos

La série Les Sopranos nous brosse le quotidien d’un clan mafieux dans le New Jersey à la fin des années 90 — début des années 2000. Et ce n’est pas ce qu’on a fait de mieux.

Le scénario des Sopranos

L’histoire débute avec Tony Soprano qui fait des crises d’angoisse et entame une thérapie. Officiellement chef d’entreprise dans le secteur des déchets et du recyclage, il est à la tête d’un gang de mafieux italiens.

Il est marié à Carmela, avec qui il a eu deux enfants : Meadow et Anthony Junior. Il ne néglige pas sa maîtresse, une Russe assez dérangée. Pour l’aider dans ses affaires, il est accompagné, notamment, de Christopher, de Paulie ou encore Bobby.

Sa vie est déjà compliquée, mais voilà que surgit aussi sa sœur Janice, avec ses sautes d’humeur et ses exigences de princesse. La série suit les tribulations de cette famille sur plusieurs années.

Un rythme trop plat

Sur le papier, l’histoire est bonne et n’est pas sans rappeler Mafia Blues. Après tout, pourquoi un mafieux n’aurait-il pas des états d’âme ? On est à l’opposé de la représentation classique au cinéma des gangsters, qui font leurs affaires, sans éprouver le moindre remords.

Le souci principal est qu’on n’arrive pas à s’attacher à Tony, qui a des problèmes de conscience. On n’y croit pas. D’autant qu’au fil des épisodes, on comprend qu’il a eu le choix de faire autre chose que gangster. Mais, il a choisi une voie plus borderline et il se réveille un beau matin, en se disant « finalement, ça ne me plaît plus ». Or, s’il y a bien quelque chose qu’on a appris grâce aux films sur la mafia, c’est qu’on ne peut pas claquer la porte comme si on travaillait au Mc Fast du coin.

Globalement, la série a trop de longueurs, trop de temps mort et même si le casting est plutôt bon, on a du mal à prendre au sérieux nos gangsters qui ont l’air de s’être échappé d’un EHPAD, surtout dans une époque où l’on voit des gamins de plus en plus jeunes, eux-mêmes sombrer dans la délinquance et la criminalité. On n’arrive plus à croire qu’un gangster professionnel puisse atteindre l’âge vénérable de 40 ou 50 ans, ce qui revient à 80 ou 90 ans dans le monde légal. Les longueurs de la série font aussi qu’on perd le fil dans les intrigues mafieuses et qu’on ne se souvient plus de qui a fait quoi et de qui a dit quoi.

Disons-le aussi ouvertement : les problèmes de prostate, de cancer et d’érection, ça fait perdre toute crédibilité à des mafieux. Notamment quand on les voit avec leurs kilos en trop. Sans aller jusqu’à dire qu’ils devraient tous afficher une taille zéro, faire un peu de sport et de musculation, c’est bien aussi.

Des personnages féminins caricaturaux

Si vous avez trois sous de féminisme en vous, vous allez sauter au plafond devant les Sopranos. Les personnages féminins sont classés en deux catégories : les putes et les saintes. Carmela, Meadow, Adriana, le docteur Melfie ou encore Janice sont dans la section sainte. Toutes les autres sont ravalées au rang d’objets sexuels. Qui évidemment sont en extase devant des mecs qui font trois fois leurs poids et ne bandent que cinq minutes par jour.

Il y a beaucoup plus de subtilités dans Boardwalk Empire ou dans Peaky Blinders et on oserait dire de réalisme. Les recherches historiques ont montré que les autorités ont toujours eu un biais genré dans l’analyse de la criminalité ou du terrorisme et là, on est en plein dedans. Les femmes participent aussi aux systèmes mafieux. Dans les Sopranos, elles ne servent à rien.

Elles ne servent d’autant plus à rien que Carmela est la plus caricaturale du lot. Elle se promène comme si une bijouterie lui avait vomi dessus, mais, elle se plaint que son mari ne soit pas assez à la maison. Elle s’ennuie toute la journée, quand elle n’est pas occupée à aller faire du shopping ou au salon de beauté. C’est l’archétype de l’épouse décorative. La seule femme de la série pour laquelle on a un peu d’empathie est Adriana. Elle est la seule qui sache exactement ce qu’elle veut et qui a une tête, ce qui va malheureusement lui coûter cher.

Le verdict

Bien qu’il s’agisse d’une création HBO, cela ne signifie pas que ce soit une bonne série. Peut-être que l’une des raisons de son succès à l’époque de sa sortie est qu’on n’avait pas autant de contenus disponibles aussi facilement. En France, elle a d’abord été diffusée sur une chaîne câblée.

Est-ce que cette série fonctionnerait aussi bien à l’heure des plateformes de streaming ? Cela n’est pas dit ou alors, il faudrait qu’elle soit beaucoup mieux documentée. En effet, elle est basée en partie sur une vraie personne, mais sans que cela soit confirmé par le créateur lui-même. D’ailleurs, la suite des Sopranos, The Many Saints of New York s’est fait passablement démolir par la critique et David Chase dit qu’aucune chaîne n’achèterait les Sopranos aujourd’hui. Mais, la raison donnée est d’une mauvaise foi confondante « Il y a désormais trop de règles et de codes à respecter pour ne pas heurter les sensibilités ». La réalité est qu’il a été trop paresseux à l’époque, mais, cela était toléré par manque.

Faut-il laisser une chance aux Sopranos ? Si vous en avez envie, histoire de ne pas mourir idiot, pourquoi pas. Mais, il y a d’autres séries de gangsters qui sont bien meilleures. Elle est disponible en DVD ainsi que sur la plateforme Max.