Peaky Blinders
Si vous êtes passé à côté du phénomène Peaky Blinders, il est temps de vous rattraper et de découvrir cette excellente série britannique. Attention : cette chronique révèle certains passages clefs de l’intrigue.
Sommaire
Le scénario de Peaky Blinders
Thomas Shelby est un vétéran de la Première Guerre mondiale, qui gagne sa vie grâce à des courses de chevaux truqués à Birmingham. Issu de la communauté romani, il est entouré de sa tante Polly, de ses frères John et Arthur et peut compter sur le soutien de la communauté pauvre de la ville.
Une caisse d’armes lui tombe du ciel. Les autorités tentent de la récupérer, mais, sentant un bon filon, Thomas va essayer de négocier. En parallèle, Grace postule le bar des Shelby. Irlandaise, ayant soi-disant eu un enfant hors mariage, elle est en réalité une espionne, au service de la couronne.
Tout ce petit monde évolue tranquillement, du début de la carrière de Thomas Shelby, jusqu’à son ascension en tant que député travailliste.
Petit élément perturbateur pour les grands fans de film d’horreur : la musique utilisée pour le générique est la même chanson que dans Scream. Ce qui fait qu’à tout moment, on s’attend à ce que le téléphone sonne, pour entendre Ghostface demander à Thomas Shelby, quel est son film d’horreur préféré.
Une histoire de famille
Bien que n’étant pas l’aîné de la famille, Thomas Shelby se retrouve à sa tête pour gérer toutes les affaires familiales, auréolé de son aura d’ancien soldat. La question du retour de la guerre est centrale dans la série, car tous les personnages vivent avec ce fantôme du passé. Aujourd’hui, on parlerait de stress post-traumatique. À l’époque, on n’en parlait tout simplement pas. On laissait les vétérans crever dans un coin ou, s’ils posaient trop de problèmes, on les enfermait.
Paradoxalement, on s’attend à ce que des hommes, qu’on a envoyé à la boucherie durant plusieurs mois, redeviennent doux comme des agneaux lorsqu’ils rentrent chez eux. Il faut attendre la cinquième et sixième saison pour comprendre comment était Thomas avant son départ pour le front. Sans aller jusqu’à dire qu’il était un ange, c’était une sympathique petite frappe, qui se contentait de détrousser les passants.
Arthur est plus marqué par la guerre et cela se ressent dans son quotidien, lorsqu’il bascule, d’abord dans l’alcool puis dans la toxicomanie. Il a du mal à remonter alors que Thomas fait de cette blessure, une sorte de moteur pour faire tenir toute sa famille.
Des personnages féminins intéressants
Le grand drame des séries ou des films qui s’intéressent à l’univers des gangsters est généralement la caricature qui est faite des personnages féminins. C’est notamment le cas avec Les Sopranos : les femmes donnent envie de devenir misogyne.
Dans Peaky Blinders, elles ont un rôle essentiel. Elles ont une tête et savent s’en servir. Il y a d’abord Grace, l’espionne. Il y a Polly, qui a fait office de chef de famille durant la guerre et qui est un atout maître dans la famille Shelby. On a Linda, la femme d’Arthur, qui passe de grenouille de bénitier à quelque chose de plus intéressant. Nous avons aussi Ada, la sœur politisée et enfin Lizzie, qui sera la seconde épouse de Thomas Shelby.
Cela permet aussi de faire une piqûre de rappel sur la contribution des femmes durant la Première Guerre mondiale. Ce point est surtout développé durant les trois premières saisons. Les hommes partis au front, il fallait bien gérer l’intendance, que ce soit les affaires courantes des Shelby ou même le travail à l’usine. C’est assez rare dans une série que tous les personnages soient aussi développés.
Fresque historique
Certains personnages ont réellement existé, à l’instar de Winston Churchill, Oswald Mosley et Lady Diana Mitford. S’il n’est pas nécessaire de présenter le Premier ministre britannique, arrêtons-nous un instant sur Mosley et Mitford.
Le premier a été député et fondateur The British Union of Fascists. Il était fasciné par Mussolini et Hitler, au point que le Time l’a décrit comme le Hitler britannique. En 1936, il se mariera avec Diana Mitford, chez Goebbels, en présence d’Adolf Hitler.
Quant à Diana, elle est issue d’une fratrie assez haute en couleurs et comme sa sœur Unity, elle est une fervente nazie. Mais, les héros restent les Peaky Blinders, qui ont existé. Thomas Shelby est une pure invention des scénaristes, mais le gang non. Ils voient le jour à la fin du XIXe siècle et le nom vient de la lame de rasoir cachée dans la casquette. Un coup de lame et la victime finissait en larmes, d’où le surnom.
Vous retrouverez aussi certains personnages aperçus dans Boardwalk Empire, mais on ne vous dira pas lesquels.
Le verdict
Peaky Blinders est une série assez extraordinaire, tant par le jeu des acteurs, que par l’histoire. Chaque détail est soigné et l’arc narratif, bien que très fourni, est assez simple à suivre et à comprendre.
On aimerait détester les Shelby parce que ce sont des gangsters, mais on n’y arrive pas et on y arrive de moins en moins au fil des saisons, pour des raisons que vous comprendrez en regardant la série. Il y a aussi une part de surnaturel, avec la prise en compte des croyances des romanis, ce qui n’est évidemment pas pour déplaire.
On ne voit pas le temps passer et on est assez triste devant le dernier épisode. Mais, rassurez-vous : s’il n’y a pas de septième saison, à la fin de l’année 2025, vous pourrez découvrir la suite de la série, intitulée The Immortal Man. Le tournage s’est achevé en décembre 2024. L’action se situe durant la Seconde Guerre mondiale et on retrouve Thomas Shelby, Ada et Arthur.
Peaky Blinders est bien sûr disponible en DVD, mais aussi sur Netflix. Et si vous voulez une bande-annonce un peu originale, je vous recommande ce clip. C’est ainsi que j’ai moi-même découvert cette série.