Ma
Ma est un film d’horreur assez particulier, effrayant non pas par une débauche de sang ou de massacre, mais en raison de l’ambivalence que cela va créer chez le spectateur. Attention, cette chronique dévoile certains éléments clefs de l’intrigue.
Sommaire
Le scénario de Ma
Maggie s’installe dans une nouvelle ville, avec sa mère, qui vient de quitter son père. Elle se fait rapidement des amis et comme tous les adolescents américains de moins de 21 ans, ils cherchent à se procurer de l’alcool. Ils interpellent les passants devant une supérette et finissent par trouver une femme, Sue Ann, qui accepte de leur fournir de l’alcool.
Pour éviter que les gamins ne boivent dehors et se fassent attraper par la police, Sue Ann leur propose de faire la fête chez elle. Le piège commence à se refermer sur les adolescents.
Naïveté adolescente
Notre bande d’adolescents est profondément naïve, mais ce n’est pas leur faute. Le système américain est très paradoxal : on ne peut pas boire avant 21 ans, mais, dans certains États, on peut acheter un AR-15 dès 16 ans. On peut s’enrôler dans l’armée à 18 ans, mais pour boire une bière, il faut avoir 21 ans. Dès lors, que font des gosses qui s’ennuient ? Car, ce qui transpire littéralement de cette ville, c’est l’ennui mortel qui traverse cette bourgade, paumée au milieu de nulle part. Ils n’ont rien à faire de leur temps libre.
Or, là encore, le système américain fait que les adolescents, qui n’ont pas d’activité extrascolaire, terminent l’école tôt dans la journée. Ils n’ont qu’à intégrer un club ou une activité extrascolaire, pensez-vous. En théorie, oui, mais, dans les faits, tout dépend des finances du lycée. Si le lycée n’a pas les fonds suffisants, bien souvent, l’école se contente d’une équipe de football américain, car cela reste le sport numéro 1 aux États-Unis.
Comme ils sont un peu coupés du monde, ils ne voient pas le souci à ce qu’un adulte leur achète de l’alcool ni à ce que ce même adulte leur propose de venir faire la fête chez lui. Bien sûr, dans la démonstration, il y a un biais genré. Maggie et ses amis ne se méfient pas parce que Sue Ann — qui demande qu’on l’appelle Ma — est une femme. Comment une femme, potelée, qui travaille dans une clinique vétérinaire, pourrait leur faire du mal ? Surtout qu’elle se laisse un peu taquiner et qu’elle cède à tous leurs caprices.
Vengeance
Ma est à la fois une histoire de vengeance et de sale gosse. C’est comme dans The Dare : si une bande d’adolescents n’avait pas joué aux cons au lycée, Ma n’éprouverait pas le besoin de se venger quand l’occasion se présente. Quand elle était adolescente, Ma a été victime d’une blague très cruelle de la part d’autres élèves. Déjà ostracisée au lycée, cela n’a pas arrangé les choses.
Elle n’est pas d’un naturel exubérant, elle ne rayonne pas, elle n’est pas le genre de personnes avec laquelle on a envie de se lier d’amitié. Donc, quand elle rencontre Maggie et ses amis, elle essaie de réparer son passé. On la trouve un peu pathétique, mais, on se dit qu’elle ne fait pas grand-chose de mal, surtout lorsqu’on est Français. Après tout, en France, on considère de boire de l’alcool fait partie du patrimoine, au même titre que Notre Dame, la tour Eiffel et Jack Lang.
Donc, elle essaie de rattraper le temps perdu, jusqu’au moment où les jeunes décident qu’ils préfèrent passer du temps ailleurs qu’avec une femme qui approche la quarantaine. Cette exclusion, ce nouveau rejet est mal vécu par Ma, qui sert de déclencheur à sa psychose.
Temps figé
Ma est restée figée dans son adolescence. Elle n’a pas quitté sa ville, de même que ses agresseurs. Pourtant, elle aurait pu s’en aller, changer de ville, découvrir le monde et panser ses blessures. Elle n’a pas fait ce choix et c’est un peu incompréhensible. Cela l’est d’autant moins qu’aux États-Unis, les gens sont plus habitués à la mobilité professionnelle et géographique.
Sans aller jusqu’à dire qu’ils déménagent sur un coup de tête, il est plus facile de trouver un logement et la plupart de ceux qui font des études supérieures, doivent obligatoirement quitter le nid familial.
La scène finale montre à quel point le temps s’est arrêté pour Ma. Elle fait un choix qui est autant radical qu’absurde, mais cela permet de faire une conclusion assez intéressante.
Le verdict
Ma est un film qui surfe un peu la vague des productions comme Carrie 2, mais en adoptant des codes plus modernes. Octavia Spencer est parfaite dans le rôle et on y croit totalement. Mais, on savait déjà que c’était une excellente actrice. Les adolescents sont très bien castés, car, ils ressemblent à des adolescents. Si vous avez grandi dans les années 90, vous vous rappelez certainement ces films et séries, mettant en scène des adolescents, qui avaient l’air d’avoir entre 25 ans et 30 ans.
L’histoire se déroule tranquillement, sans temps mort, même si on aurait souhaité que certains points soient un peu approfondis.
Il y a peu de scènes gores, plutôt des scènes de tortures psychologiques qu’autre chose. En somme, c’est un très bon film d’horreur qui se laisse regarder tranquillement. Il nous rappelle qu’on ne doit jamais faire du mal aux gens, surtout pas à l’adolescence. Arrivées à l’âge adulte, les victimes peuvent se venger sur ce qu’on a de plus cher.
Ma est disponible en DVD ainsi que sur Netflix et Amazon Prime.