The Grudge (2004)
Après avoir revu la nouvelle mouture de The Grudge, j’ai voulu revoir le premier volet, assez effrayant.
Sommaire
Le scénario de The Grudge
Karen et son petit ami Doug se sont installés à Tokyo. Lui termine des études d’architecture et elle, une formation d’assistante sociale. Son employeur l’envoie chez une dame âgée et mutique. Son assistante habituelle n’a pas donné signe de vie, donc Karen doit y aller seule.
Sur place, Karen rencontre un petit garçon, caché dans un placard ainsi qu’un fantôme. À partir de là, sa vie va devenir un cauchemar, l’entité refusant de la laisser tranquille.
Une adaptation calibrée pour le marché occidental
Comme dit dans la chronique consacrée au remake/suite du même nom, The Grudge est une adaptation d’un film d’épouvante japonais. Pourquoi dire qu’il est calibré pour le marché occidental ? Parce qu’il reprend les codes du cinéma d’horreur américain, mais, dans un décor japonais — Tokyo — et avec une esthétique orientale. On retrouve Sarah Michelle Gellar que l’on connaît bien, mais, aussi Clea DuVall, que vous avez pu voir dans American Horror Story, The Faculty et qui jouait avec Sarah Michelle Gellar dans un épisode de Buffy contre les vampires.
La narration en elle-même est un peu alambiquée, car on commence par le milieu, on reprend à la fin pour dérouler un axe chronologique. Il faut arriver à suivre, parce que les transitions sont un peu brutales. Cela manque de petits panneaux avec la date. Cela peut paraître accessoire, mais il suffit qu’on ait tourné la tête quelques instants pour être un peu perdu dans l’histoire.
Autre détail, mais qui doit tenir au DVD : les sous-titres ont disparu. Or, les personnages principaux parlent japonais, qui n’est pas forcément une langue que tout le monde maîtrise et ce qu’ils peuvent dire, permet de comprendre l’histoire de la maison qui est maudite. Si vous prenez le DVD, pensez à activer les sous-titres.
Solitude
Ce n’est pas tant les esprits vengeurs qui marquent que la solitude des personnages. La vieille dame avait un fils, une fille et une belle-fille. Toute la famille est venue s’installer à Tokyo, mais seuls la belle-fille et le fils ont une activité professionnelle. Par ailleurs, ils parlent japonais. Dès lors, Jennifer Williams se retrouve seule la journée. Elle ne parle pas du tout japonais et elle est perdue. Une scène en particulier est frappante : elle essaie de faire des courses au supermarché. On voit qu’elle ne comprend pas du tout ce qu’elle achète.
Bien sûr, en 2025, on se dit « pas de problème, je sors mon smartphone, j’active DeepL et je m’en sors ». Sauf que le film est sorti en 2004. Les smartphones n’étaient pas vraiment la norme à ce moment-là et encore moins les applications de traduction, qui savent repérer le texte sur une image.
Même chose pour Karen : elle doit se rendre chez la vieille dame toute seule et elle se bat avec son plan, le métro et la direction à prendre, dans une ville où tout le monde ne parle pas anglais. Ces scènes sont d’autant plus touchantes que c’est un pur produit anglo-saxon. Les autres locuteurs — Allemands, Espagnols, Français, Italiens — ont l’habitude qu’on ne parle pas leur langue. Mais, les Anglo-saxons, en particulier les Américains, ont tendance à oublier que tout le monde ne parle pas anglais. On se sent perdu pour Jennifer et Karen.
De la peur efficace
Parlons peu, parlons bien : est-ce que The Grudge fait peur ? Oui, même quand on a vu un certain nombre de films d’horreur. Tant l’esprit de la jeune femme que celui du petit garçon sont terrifiants, peu importe l’endroit.
On se surprend à regarder son placard très bizarrement et on n’ose plus sortir dans le couloir de son immeuble. Quant à son lit, on est tenté de démonter toute la literie, pour vérifier qu’il n’y a pas un esprit frappeur quelque part entre le sommier et la couverture.
Que dire de la scène finale ? Elle laisse la porte à une suite, dont on sait qu’elle va arriver et on est curieux de voir la contamination opérer. D’autant plus qu’on sait déjà que cette malédiction n’a pas de fin, elle ne peut pas s’éteindre. C’est tenace la rancune.
Le verdict
Si, arrivé à ce stade de l’article, vous aviez encore un doute, on va l’écrire explicitement. On recommande The Grudge. Il n’est pas malsain, il est effrayant juste ce qu’il faut. Il n’est pas très long — 91 minutes — et n’a pas de longueur. On n’a pas des plans de douze minutes sur un personnage qui mange en pomme.
Seul bémol, en dehors des sous-titres : la bande sonore. Sur le DVD, elle n’est pas très nette, il faut monter le son plus haut que d’habitude, pour entendre ce que disent les acteurs. Mais, ce sont des détails, car dans The Grudge, la peur est visuelle.
Malheureusement, il n’est plus disponible sur les plateformes de streaming, du moins pas dans l’abonnement de base. Mais, il existe des coffrets, réunissant le premier et second volet, à un prix assez raisonnable.
Prenez garde quand vous entrez dans une maison, on ne sait jamais ce qu’on peut trouver comme occupants et ils ne sont pas toujours sur le bail.