Horreur

Annabelle

Dans le premier Conjuring, un clin d’œil était fait à l’une des poupées les plus démoniaques du cinéma : Annabelle. Attention, cette chronique révèle des éléments-clefs de l’intrigue.

Le scénario d’Annabelle

Mia et John sont un charmant petit couple de jeunes mariés, qui attendent avec bonheur leur premier enfant. John est interne en médecine et Mia, une femme au foyer, comme cela était très courant à la fin des années 60. Mia adore les poupées et pour lui faire plaisir, John lui offre une poupée en porcelaine.

Bons catholiques tous les deux, ils se rendent à la messe chaque dimanche et ont sympathisé avec le couple Higgins, dont la fille, Annabelle, a disparu.

Une nuit, Annabelle revient avec un ami et tue ses parents. John, alerté par le bruit chez ses voisins, se précipite chez eux. Une bagarre s’ensuit et la police, contactée avant, qui tue les assaillants. Le cauchemar peut commencer.

Métaphore de la parentalité

On peut voir Annabelle comme un film d’horreur classique, avec une poupée démoniaque — pardon servant de véhicule pour des entités démoniaques pour reprendre l’explication de Lorraine Warren. Mais, en creusant un peu, on se rend compte que les terreurs de Mia sont finalement celles de n’importe quel parent vaguement responsable.

Dans le film, elle a peur des entités démoniaques. Dans la vraie vie, tous les parents que j’ai côtoyés m’ont dit leurs angoisses permanentes pour leur enfant. Est-ce que je le nourris correctement ? Est-ce que je lui donne une bonne éducation ? Est-ce que je lui donne les bonnes armes pour affronter la vie ?

Son époux John est plus détendu dans l’ensemble, même s’il prend soin de son épouse et de sa fille. Pour autant, mécaniquement, il est moins présent puisqu’il est le seul à travailler donc, il n’est pas seul avec lui-même, contrairement à Mia. On oublie que l’isolement social, qu’il soit temporaire ou permanent, choisi ou subi, pour des raisons familiales ou économiques, a pour conséquence de favoriser les idées noires. Or, le fait de rester à la maison avec un bébé est une forme d’isolement sociale.

La vraie histoire d’Annabelle

Annabelle est très partiellement basée sur les dossiers des époux Warren et il s’agissait d’une Ann Raggedy. Ce n’était pas une poupée de porcelaine, fragile et délicate, mais une poupée de chiffon à la mignonne figure. Donna et Angie étaient infirmières dans le Connecticut. La mère de Donna lui avait offert cette poupée pour son anniversaire.

Très peu de temps après, la poupée a commencé à faire des choses bizarres et au bout de six semaines, une médium contacta les deux jeunes femmes pour organiser une séance de spiritisme. Durant cette séance, la poupée indiqua qu’elle s’appelle Annabelle Higgins, décédée, à l’âge de sept ans, sur les lieux où l’immeuble avait été construit, il y a fort longtemps.

Donna et Angie ont été rassurées : la poupée ne leur voulait pas du mal, elle voulait juste des amies. Mais, les actes curieux et même dangereux se sont succédé au point d’appeler un prêtre, le Père Cooke, qui lui-même contacta les époux Warren.

Invention totale

Le premier volet d’Annabelle est une invention totale par rapport aux dossiers des époux Warren, en dehors de la mention d’Annabelle Higgins. La partie avec les deux infirmières, que l’on aperçoit dans le premier Conjuring se base bien sur leurs notes par contre.

Ce qu’on ne trouve pas, par contre, est tout le reste. Ce film se passe en Californie, mais la véritable Annabelle Higgins, personne n’en trouve la trace. Toutes les ressources reprennent la même histoire, basée sur les notes des Warren, mais, on n’a pas d’adresse — contrairement à la maison des Perron — pas de date de naissance ou de décès d’Annabelle Higgins ni même une cause de décès. On ne trouve qu’une photo assez ancienne, mais, sans mention des personnes sur la photo, sans date ni aucune information pertinente.

L’autre volet qui appartient réellement à l’histoire est le placement de la poupée dans une vitrine fermée, avec un mot disant de ne jamais ouvrir la vitrine. La légende veut qu’un couple ayant visité la maison des Warren se soit moqué de la poupée, en particulier le petit ami. Ed Warren est le dernier à voir le jeune homme. Ils ont eu un grave accident sur la route, à moto. Le jeune homme est décédé sur le coup, la jeune femme est restée hospitalisée durant plus d’une année.

Le verdict

Bizarrement, le film est assez effrayant alors que la poupée reste statique. L’autre élément assez malsain — mais dans le bon sens du terme — est tout simplement l’apparence de la poupée. La vraie Ann Raggedy est très mignonne et on a envie de lui faire une place à côté de ses peluches et de ses poupées. La Annabelle du film est plutôt de nature à filer des cauchemars et ça tombe bien, c’est le but. La figurine Funko Pop ! est beaucoup plus jolie, même si on a tendance à la regarder bizarrement après avoir revu le film.

L’histoire est assez fluide, sans longueur et le couple est très attachant. On apprécie aussi le clin d’œil sur la fin de l’âge d’or de l’Amérique, avec l’incursion télévisée de la secte de Charles Manson. Cela donne un ensemble assez cohérent et bien ancré.

On avoue un coup de cœur particulier pour Alfre Woodard, qui joue Evelyn et que vous avez pu apercevoir dans Empire. Vous aurez aussi reconnu Annabelle Wallis, qui joue le grand amour de Thomas Shelby dans Peaky Blinders. Les époux Warren n’apparaissent pas dans ce volet.

Annabelle est un bon film d’horreur, bien tourné et bien amené. Il est disponible en DVD et vous pouvez le découvrir en streaming sur Max et sur Netflix.