Drame

Esprits rebelles

Si 187 code meurtre est très dur, Esprits rebelles est la version presque fleur bleue du professeur qui se retrouve confronté à des élèves difficiles. Attention : cette chronique révèle quelques éléments-clefs.

Le scénario d’Esprits rebelles

Après un mariage raté, LouAnne vient s’installer à Palo Alto — avant que cela soit cool — et postule comme professeur dans un lycée, sur les conseils de son ami Hal, qui y enseigne déjà.

Elle est affectée à une classe difficile — l’équivalent français des SEGPA — qui commence par la faire tourner en bourrique.

Décidant de prendre le taureau par les cornes, elle se résout à jeter ses manuels de pédagogie et à expérimenter sa propre méthode pour sortir ces adolescents de l’échec scolaire et de la spirale infernale dans laquelle ils sont plongés.

Une bluette à la sauce ghetto

Contrairement à 187 code meurtre, Esprits rebelles est quasiment fleur bleue. On retrouve des adolescents en échec scolaire et en rupture avec l’autorité, dont personne ne veut s’occuper.

Mais, contrairement à 187, l’histoire se termine relativement bien, même si un des élèves est tué. C’est probablement pour cela que ce film a mieux fonctionné commercialement : il est plus moral, il répond mieux aux codes des films américains.

Qu’on ne se trompe pas : cela reste une bluette, dans le sens où certains évènements ne se produisent pas dans la réalité. Les adolescents se confient assez rarement aux adultes, surtout quand ils sont de grosses difficultés et encore moins aux adultes qui sont proches d’eux.

Bons sentiments

LouAnne décide de s’acharner avec ces adolescents et n’hésite pas à utiliser toutes les ficelles possibles, notamment celles des récompenses : des sucreries, une sortie dans un parc d’attractions ou un dîner fin dans un bon restaurant.

Là encore, dans le monde réel, on sait que les professeurs ne font pas cela. Dans le meilleur des cas, ils offrent des livres, mais ils ne font pas de sorties avec les élèves en dehors du cadre scolaire. Il y a trois raisons à cela : d’une part, il y a un risque juridique en cas d’accident. D’autre part, pour des raisons d’impartialité, les professeurs ne doivent pas fraterniser avec les élèves. Enfin, comme tous les autres professionnels, les professeurs aussi ont envie de penser à autre chose qu’à leur travail quand ils rentrent chez eux.

Michelle Pfeiffer joue plutôt bien son rôle même si on a du mal à croire qu’elle a pu être une marine. La faute en revient à tous les très bons films d’action qui sont sortis depuis qu’Esprits rebelles a été tourné, mettant en scène des femmes qui ont un physique qui va avec la fonction.

Le verdict

Esprits rebelles a été un vrai succès commercial et beaucoup d’adolescents ont pu se reconnaître dans les différents personnages. Il est vrai que les difficultés qu’ils rencontrent, font écho à ce qu’ils ont pu vivre et ce que les adolescents d’aujourd’hui vivent encore.

Le tour de force du film est d’arriver à ne pas juger ces adolescents. Ils font des bêtises, mais, le spectateur n’est jamais dans le jugement, qu’il s’agisse des garçons ou des filles. Ainsi, quand l’une des élèves tombe enceinte, il n’y a pas de discours moralisateur sur ce sujet à son encontre. Les avis sont tenus par le corps enseignant : LouAnne d’un côté, la direction de l’autre et c’est assez bien vu.

Si le film a été un succès commercial, c’est aussi parce qu’il flatte les adultes, notamment les parents et le corps enseignant. À l’exception du directeur et de la grand-mère de deux élèves, les autres adultes à l’écran sont impliqués dans l’éducation de leurs enfants ou de leurs élèves. Or, on sait bien qu’une partie du décrochage scolaire et social vient de l’absence de modèle parental ou éducatif valable.

Dans l’ensemble, Esprits rebelles est plutôt un bon film, même s’il est un peu trop « romantique » pour être honnête. Esprits rebelles est disponible sur Disney+ et en DVD.