Freddy sort de la nuit
Le septième épisode de la franchise des Freddy Krueger — Freddy sort de la nuit — nous montre la passion de Wes Craven pour le côté méta des films. Attention : cette chronique révèle des éléments-clefs de l’intrigue.
Sommaire
Le scénario de Freddy sort de la nuit
Heather Langenkamp, l’interprète de Nancy dans le premier et troisième épisode, vit à Los Angeles avec son mari et son fils, Dylan. Alors qu’elle est en plein cauchemar, elle est réveillée par un tremblement de terre. Elle dort mal depuis qu’un fan la harcèle au téléphone.
Pendant qu’elle sort d’une interview dans un talk-show avec Robert Englund, New Line lui téléphone et lui demande de venir au bureau.
Wes Craven veut faire un nouveau film de la franchise et veut qu’elle reprenne le rôle de Nancy. Mais, tandis que son mari décède d’un accident de la route, la vie d’Heather va basculer. Freddy est arrivé dans le monde réel et veut sa vengeance.
Les prémices du côté méta de Wes Craven
Si vous connaissez la saga Scream, autre création de Wes Craven, vous savez qu’il y a un côté méta chez lui. Que signifie cette expression ? Cela fait référence à une qualité autoréférentielle dans laquelle un film ou une série reconnaît sa propre nature et commente ses propres codes. En gros, on casse le quatrième mur, on implique le spectateur et on lui fait comprendre qu’il regarde une fiction. Ou pas.
Car, Freddy sort de la nuit ne dit pas tout de suite qu’il s’agit d’une fiction et le film utilise des événements réels. Heather Langenkamp a réellement été harcelée par un fan, non pas de la franchise Freddy, mais d’une autre série qu’elle a tournée et qui a été arrêtée. Wes Craven a demandé à Heather s’il pouvait utiliser cette histoire dans son scénario.
Ce qui renforce le côté méta du film est que les acteurs jouent leur propre rôle. On peut donc apercevoir Robert Shayne, Wes Craven et d’autres personnes, interprétant qui ils sont dans le monde réel.
Un Freddy plus noir
C’est enfin l’âge de la maturité pour Freddy qui ne fait plus de blagues — et on avoue que ça manque un peu — et devient infiniment plus cruel et plus sombre. C’est normal, puisqu’il est une création de l’esprit humain. Or, dans les contes pour enfants ou les histoires d’horreur, généralement, les méchants n’ont pas le sens de l’humour. Ce n’est arrivé qu’à partir des années 80 et tous les films d’horreur n’ont pas utilisé ce trait de caractère chez les personnages.
Est-ce que ça fonctionne ? D’un côté, oui et on apprécie la scène un peu copiée-collée du tout premier film de la franchise, avec la baby-sitter au plafond. Mais, de l’autre, cette absence d’humour n’est pas compensée par une peur plus tenace. On peut faire un personnage sans facétie, mais il faut arriver à le rendre proprement terrifiant. Or, nous sommes devant le septième épisode, il aurait fallu pousser plus le personnage.
Une scène est assez traumatisante : celle de l’autoroute à quatre ou cinq voies que Dylan traverse n’importe comment. En voyant toutes ces voitures et tous ces camions, on commence à avoir des sueurs froides.
Le verdict
Les prestations d’Heather Langenkamp et de Robert Englund sont plutôt réussies et c’est assez agréable de voir ce dernier sans son maquillage. On en aurait presque oublié qu’il y avait une vraie personne derrière son masque de tueur. Mais, le petit garçon qui joue Dylan n’est pas assez expressif, il lui manque quelque chose pour faire son entrée au panthéon des enfants traumatisants.
Chez les fans, il n’y a pas de demi-mesure sur ce film : certains l’ont adoré, quasiment autant que le premier et d’autres l’ont détesté. Pourquoi ? C’est probablement une question de génération. Ce film intervient dix ans après le premier, les années 80 sont terminées et le cinéma d’horreur traverse une sorte de creux, qui a du mal à se renouveler. Il faut définitivement attendre la saga des Scream pour le nouveau souffle. Ceux qui ont grandi avec Freddy ont pu trouver l’épisode final un peu trop éloigné de l’esprit d’origine.
C’est peut-être aussi parce que c’est le seul film de la franchise qui ne « tape » pas sur les adultes et les parents irresponsables. Heather veut protéger son enfant contre le croque-mitaine, quitte à s’attirer des ennuis alors que dans les autres films, les parents étaient médiocres. Enfin, il y a quelques longueurs.
Freddy sort de la nuit n’est pas un film inintéressant en soi, mais, il reste assez éloigné du cinéma d’horreur et ne plaira qu’à ceux qui ont une véritable appétence pour ce genre. Il est disponible en DVD.