Horreur

Les griffes de la nuit (1984)

Premier opus de la franchise des Freddy Krueger, les griffes de la nuit est à classer dans les classiques du cinéma d’horreur. Attention : cette chronique révèle des éléments-clefs de l’intrigue.

Le scénario des griffes de la nuit

Nancy et Tina sont deux lycéennes qui mènent une vie tout à fait banale dans une ville de banlieue. Mais, depuis quelque temps, elles font des cauchemars, dans lesquels surgit un homme au visage affreusement brûlé, qui tente de les tuer avec son gant muni de griffes en acier.

Lors d’une soirée-pyjama à laquelle s’invite le petit ami de Tina, Rod, elle est brutalement tuée. Rod crie son innocence, mais personne, à part Nancy, ne le croit.

Les cauchemars de Nancy vont se faire plus explicites, jusqu’à la confrontation finale avec Freddy Krueger.

Mourir à cause d’un cauchemar : c’est possible

Durant les interviews, Wes Craven explique d’où lui est venue l’idée d’un film — puis d’une franchise — d’horreur dans lequel, les personnages meurent dans leur sommeil en raison des cauchemars qu’ils font.

Aussi terrifiant que cela puisse paraître, Freddy Krueger est quasiment une histoire vraie. Dans les années 70 et 80, plusieurs immigrés, originaires du Sud-Est asiatique — Laos, Cambodge et Vietnam — ont commencé à mourir dans leur sommeil, après s’être plaints de cauchemars absolument terrifiants. Aux Philippines, on appelle cela le bangungut, le nom varie selon les pays, mais signifie tout le temps la même chose : mourir à cause d’un cauchemar.

En 1981, 26 hommes, tous en bonne santé, sont morts dans leur sommeil et la plupart étaient des réfugiés Hmongs, venant des hauts plateaux du nord du Laos. Bien après la sortie du film, des études ont été faites et ont abouti à un diagnostic : un défaut de système de conduction, ce qui amenait le cœur à subir un court-circuit en cas d’activité trop intense du cerveau.

En dehors de l’aspect physiologique, toutes les victimes avaient connu des épreuves assez traumatisantes : guerre, camps puis immigration quasi forcée dans un pays totalement inconnu. Si, aujourd’hui, on commence enfin à s’interroger sur les effets mentaux des migrations forcées, dans les années 70 et 80, ce n’était pas du tout le cas.

Un classique qui a été boudé

Les griffes de la nuit font partie des classiques du cinéma d’horreur. Pourtant, lors de sa conception et de sa production, il a été presque unanimement boudé par les studios. À l’époque, on considérait que le film d’horreur était ringard, passé de mode et les studios recherchaient surtout des films grand public.

Pourquoi ? Pour des questions d’argent. Les films étaient diffusés en salle puis vendus en cassettes vidéo, qui coûtaient très cher à l’époque. Il fallait donc élargir au maximum le spectre potentiel des acheteurs, donc cibler les familles.

Walt Disney Pictures voulait bien du scénario : à condition que Wes Craven transforme le film d’horreur, en conte pour enfants. Il finira par croiser la route de Robert Shaye, qui avait monté New Line Cinema, qui se spécialisait dans les films undergrounds. Ils tourneront ensemble le premier épisode de la saga.  

À l’origine, Freddy Krueger devait être un tueur d’enfants, doublé d’un pédophile. Wes Craven a accepté d’enlever le dernier trait de caractère du personnage, pour conserver le tueur d’enfants. Néanmoins, dans le remake qui sera fait en 2010, Freddy retrouve sa véritable identité.

L’origine de Freddy

D’où vient Freddy Krueger ? D’une terreur d’enfant de Wes Craven. Dans une interview, il raconte qu’une nuit, il a entendu des pas puis des murmures en bas de chez lui. Il a vu un homme, vraisemblablement un SDF, qui errait dans la rue, portant un chapeau. L’homme a levé les yeux et l’a regardé fixement.

Terrifié, le petit garçon s’est réfugié quelques minutes dans un coin de sa chambre, puis, et revenu devant sa fenêtre. L’homme le fixait toujours et tout en avançant vers l’entrée du bâtiment, le regardait.

Raconté ainsi, cela n’a l’air de rien. Pourtant, même à l’âge adulte, cela a quelque chose de profondément effrayant, surtout en pleine nuit, quand la rue est déserte et que vous êtes la seule personne réveillée dans tout votre immeuble.

Il n’est pas toujours nécessaire d’aller chercher dans du surnaturel pour susciter l’angoisse. Même une allée, en pleine journée et bien fleurie peut faire monter une terreur irrationnelle. Alors, imaginez cela en pleine nuit.

Le verdict

Est-ce qu’aujourd’hui, en 2025, on peut encore avoir peur en regardant les griffes de la nuit ? En soi, il n’est pas spécialement gore et il n’y a pas vraiment de jump-scares. L’histoire peut paraître un peu démodée et la photographie est un peu trop sombre.

Pourtant, le thème en lui-même est universel. Wes Craven a indiqué qu’il avait revisité à sa manière la mythologie et Robert Englund évoque plutôt la belle et la bête de Cocteau. L’autre thème est celui du péché des parents, qui doit être réparé par les enfants et qui sera beaucoup plus développé dans les autres épisodes de la franchise.

Les griffes de la nuit n’est pas un film aussi effrayant que Sinister ou la nonne, puisque les techniques de l’époque ne sont tout simplement pas les mêmes. Ce ne sont pas non plus les mêmes moyens, le premier Freddy est un film à petit budget. Néanmoins, même en ayant vu des dizaines de fois ce film, on se surprend à sursauter quand son crétin de voisin décide de jouer du marteau, tandis que défile le générique de fin.

Malheureusement, le film n’est pas disponible en streaming. Néanmoins, il existe des coffrets regroupant sept des films de la saga.