The Delivrance
En reprenant la véritable histoire de Latoya Ammons, The Delivrance aurait pu être un très bon film, s’il n’était pas parti dans tous les sens.
Sommaire
Le scénario de The Delivrance
Ebony est une mère quasiment célibataire, qui élève seule ses trois enfants, essaie de gérer sa mère atteinte d’un cancer, tout en se battant avec son alcoolisme et ses factures.
Installée dans une nouvelle maison, qui a tout d’une mauvaise affaire, elle constate que son plus jeune fils commence à se parler à lui-même. Puis, ces autres enfants adoptent un comportement des plus troublants.
Comprenant qu’il y a un souci avec sa maison, elle va tenter de combattre le démon qui a élu domicile dans sa cave.
La véritable histoire de Latoya Ammons
Latoya Ammons a réellement vécu des évènements très troublants dans sa maison et c’est à partir de son histoire que ce film a été fait. Selon Mindshadow qui s’y connaît autant en histoires d’épouvante que nous, son cas est le plus documenté des histoires de possession démoniaque, ayant donné lieu à 800 pages.
Même le très célèbre Zak Bagans s’y est frotté et a détalé devant cette maison qui a tout d’une bouche de l’enfer. Il avait acheté la maison pour une bouchée de pain : 35 000 $.
Mais, en 2016, la maison a été totalement rasée. Des voisins se plaignent en disant qu’il continue à se passer des choses très bizarres au 3860, Carolina Street, Gary, Indiana. Le terrain ne vaut plus rien : seulement 3 600 $. Depuis la démolition en 2016, rien n’a été construit, seul subsiste l’arbre qui était déjà là au moment des évènements et auquel personne n’a touché.
La lecture sceptique de l’affaire Latoya Ammons
Latoya Ammons était une alcoolique, qui avait déjà été signalée aux services sociaux et dont les enfants manquaient déjà fréquemment l’école.
Contrairement au film, elle n’était pas propriétaire de la maison, mais simple locataire. Elle aurait utilisé une histoire de possession démoniaque pour justifier à la fois le retard de paiement de son loyer, mais aussi, l’absentéisme scolaire de ses enfants.
Ce qui a joué pour elle, est que le shérif de l’époque était un adepte des théories surnaturelles et l’a soutenu au procès, notamment quand elle a voulu récupérer la garde de ses enfants. Son plus jeune fils est décédé quelques années plus tard, sans qu’une explication soit donnée.
Un scénario bâclé
S’ouvrant initialement sur une critique sociale — la condition des femmes afro-américaines, célibataires avec charge de famille — le film dérive gentiment vers un Amityville du pauvre.
Car, on a beau se creuser la tête et essayer de rentrer dans le film, la seule chose qui soit réellement effrayante est la performance de Glenn Close, qui joue la mère d’Ebony et souffre d’un cancer. La voir à ce point diminuée physiquement — pour les besoins du film — est assez terrifiant.
Le reste ne l’est pas et la mise en scène est plutôt paresseuse. Même la mise en croix des enfants n’est pas assez recherchée ni crédible. Quant à la mère qui tente un exorcisme de sa maison toute seule, alors qu’elle n’a plus mis les pieds dans une église depuis des années, c’est tiré par les cheveux. Le spectateur reste sans réponse devant certaines questions : pourquoi le mari est-il parti ? Quand revient-il ? Pour Glenn Close joue la mère d’une Afro-Américaine ? Où le père d’Ebony ? Pourquoi la famille part-elle à la dérive ? Tout cela reste inexploité et c’est assez dommage.
Le verdict
Comme l’Exorciste : Dévotion, The Delivrance pensait avoir un scénario facile, en se basant sur une histoire vraie et en surfant sur le côté « faits réels ». Malheureusement, il ne suffit pas d’avoir une histoire vraie pour en faire un bon film.
Les scénaristes ont essayé de jouer sur les deux tableaux : la critique sociale et le film d’horreur. Dans certains cas, comme la franchise The Purge, cela peut fonctionner. Mais, pas dans ce cas présent et les amateurs de films d’horreur ne s’y sont pas trompés, ils ont mal noté le film.
Même le coup des mouches noires n’est pas crédible, ni dans le film ni dans la version de Latoya Ammons. N’importe qui ayant vu Amityville ou lu les tribulations des époux Warren sait que les infestations de maison sont souvent accompagnées d’odeurs répugnantes de viande pourrie et de mouches noires.
Faire un bon film d’horreur n’est pas aussi simple que cela et The Delivrance nous montre ce que ça donne quand un film est trop scolaire. The Delivrance est disponible sur Netflix.