1BR the apartment
Quand on cherche un nouvel appartement, on devrait prendre le temps de regarder 1BR the apartment avant toute installation. Attention : cette chronique révèle certains éléments clefs du film.
Sommaire
Le scénario de 1BR the apartment
Sarah quitte son foyer et sa mauvaise relation avec son père, pour s’installer à Los Angeles. Intérimaire dans un cabinet d’avocats, sans amis sur place ni relations, elle cherche un nid douillet pour elle et son petit chat.
Elle visite un deux-pièces dans une résidence prometteuse. À sa grande surprise, les copropriétaires l’acceptent. Mais, le règlement intérieur interdit les animaux domestiques et les fumeurs. Elle introduit son chat en douce. C’est là que les ennuis commencent.
Endoctrinement
Je sais que dans le contexte immobilier que connaît la France et même l’Europe, dire « ne signez aucun bail trop alléchant » est curieux. En ce moment, on signe, non pas où on veut, mais où on peut. Néanmoins, vous ne savez jamais sur qui vous allez tomber.
Dans le cas de Sarah, cette communauté est une secte. On l’enferme dans une pièce, on la torture, on la soumet à des interrogatoires, on fait tout pour briser sa volonté. Les techniques d’interrogatoires et les « unions » sont très largement inspirées de ce qui se pratique dans la secte de la scientologie.
Finalement, Sarah cède et fait ce qu’on attend d’elle. Jusqu’au bout, vous ne saurez pas si elle est vraiment endoctrinée ou si elle fait semblant. Avant de dire « moi, jamais, je ne cèderai », réfléchissez-y. Vous ne connaissez pas réellement vos limites. Poussé à bout, n’importe quel être humain normalement constitué finit par lâcher prise, ne serait-ce que pour avoir un peu de répit, pour souffler, pour prendre le temps de penser à la suite.
Une certaine Amérique
La scène finale va vous surprendre, mais vous pouvez la comprendre si vous connaissez un peu la configuration des villes américaines. En quelques mots, les centres-villes sont trustés par les bureaux et les commerces. Si habitations il y a, ce sont l’équivalent de nos HLM. New York est une exception.
La classe moyenne américaine vit généralement en banlieue ou en très grande banlieue. Dans ces banlieues, tout est organisé en communauté, avec règlement intérieur, gardiennage assuré par les voisins, pelouse tondue au millimètre, etc. Ces communautés ne sont pas socialement mixtes : les personnes sont majoritairement toutes issues de la même classe sociale.
Enfin, aux alentours, il n’y a pas âme qui vive, pas de commerce de proximité, pas de pharmacie ou de boulangerie. Pour s’acheter une pizza, il faut prendre sa voiture. Les États-Unis ne sont pas du tout une ville de piétons. Dès lors, il peut parfaitement se passer des choses répréhensibles dans une communauté, sans que personne en soit au courant à l’extérieur.
Des gens bien sous tous rapports
Comment et pourquoi Sarah se laisse-t-elle piéger ? En premier lieu, parce que les membres de la communauté sont des gens bien sous tous rapports : un médecin, un professeur, un vétéran de la guerre d’Irak, une ancienne star d’Hollywood, des familles avec des enfants. Pas de toxicomanes, pas de prostituées, pas de travailleurs pauvres et lorsqu’elle fait sa visite, elle voit les résidents prendre un apéritif sur la terrasse, autour de la piscine. Qui n’aurait pas envie de vivre dans un endroit qui paraît aussi accueillant et chaleureux, surtout quand on débarque à Los Angeles ?
Même si cela n’est pas dit, il est assez probable que le loyer soit aussi très raisonnable. Or, avec la crise des subprimes, la ville de Los Angeles a une explosion du nombre de SDF. Tous ne sont pas sans emploi, bien au contraire. Cela ne s’est malheureusement pas arrangé.
1BR s’appuie davantage sur de la peur psychologique. Il y a quelques scènes gores, mais cela reste très « bon enfant ». On n’est pas sur des réalisations de Rob Zombie ou du torture-porn. Le film fonctionne bien, car, il décrit une situation extrêmement banale, qui peut arriver à chacun d’entre nous. Il dure une heure et demie, soit le temps de se faire une bonne manucure complète. Le rythme est bien calibré : ni trop lent, ce qui est un des écueils des films d’horreur se basant sur la psyché des personnages, ni trop rapide, pour laisser le temps à la terreur d’infuser tranquillement.
Le film fonctionne d’autant mieux que Sarah a un côté petite souris apeurée. Si vous le croisiez dans la rue ou au travail, vous ne vous diriez pas qu’elle est susceptible de vous crier dessus. Si vous la bousculez, c’est elle qui va s’excuser. Elle est frêle, les cheveux raides qui cachent une partie de son visage et même quand elle hurle, cela ressemble à un petit cri. Néanmoins, je vous invite à toujours vous méfier des petites souris apeurées.
Vous pourrez découvrir 1BR the apartment en DVD, mais, aussi sur la plateforme Shadowz. Cette plateforme de streaming spécialisée dans le film d’horreur est « intégrée » dans l’application Amazon Prime, moyennant un supplément. Et méfiez-vous des voisins trop amicaux, on ne sait jamais.